Un grand chef d’orchestre méconnu en France, compositeur, rebâtisseur d’orchestres, Paul Paray.

Paul Paray, chef d'orchestre et compositeur

Paul Paray, chef d’orchestre et compositeur

Paul Paray (1886-1979) a fait une très longue carrière, tant en France qu’à l’étranger. Dans  ce long parcours, c’est surtout sa période américaine qui lui vaudra la consécration, et une reconnaissance internationale.

Fin 1951 il avait accepté la lourde tâche de refaire du Detroit Symphony Orchestra (DSO), alors en plein déclin, un orchestre de tout premier plan. A l’issue de ses onze ans de direction musicale, le DSO deviendra « le premier orchestre français des USA ». Quand son contrat avec le Detroit Symphony Orchestra se terminera en 1962 (Paray a alors 76 ans), il en restera Chef Émérite et il conduira encore de par le monde jusqu’à 91 ans! Et dans le fond nous avons eu de la chance, nous, les mélomanes du XXIè siècle, qu’il nous quittât pour les États Unis d’Amérique car jamais en France il n’aurait bénéficié de la qualité d’enregistrement qu’ont pu lui offrir Robert C. Fine (1922–1982) et Wilma Cozart (1927-2009) avec le label Mercury Living Presence de 1956 à 1963.



Paul Paray compositeur

La composition a occupé la première partie de sa vie musicale, jusqu’en 1939. La liste complète de ses compositions est sur http://www.paulparay.fr/paray_compositeur.html . Peu d’œuvres, mais de grande qualité. Dommage qu’il n’ait pas pu continuer à composer, totalement accaparé ensuite par sa carrière de chef d’orchestre.
La Messe pour le 500è anniversaire de la mort de Jeanne d’Arc est la plus connue des œuvres symphoniques de Paul Paray. Écrite à Monaco fin 1930 et créée à Rouen en mai 1931, elle est encore jouée sur tous les continents.

On trouvera cette messe sur l’album de 5 CDs édités en Mercury Living Presence « Paul Paray conducts French Orchestral Music », couplée avec Saint-Saëns, Chausson, Bizet, Ibert, Ravel, Lalo, Gounod. En CDs ou à télécharger sur Qobuz en 16b/44,1kHz
http://www.amazon.com/French-Orchestral-Music-Paul-Paray/dp/B00035VV7S
http://www.qobuz.com/album/paul-paray-paul-paray-conducts-french-orchestral-music/0002894756268?qref=dac_2

Paul Paray était donc compositeur bien avant de devenir un chef reconnu et célébré: on ne peut donc pas l’accuser d’écrire de la « musique de chef d’orchestre », comme tant d’autres qui s’y sont lancés sur le tard et souvent avec bien peu de bonheur. Méconnu en tant que chef d’orchestre, Paul Paray l’était encore davantage comme compositeur. Car le maestro par excès de modestie ne mettait pratiquement jamais ses propres œuvres à son répertoire, bien à tort.

Paul Paray chef d’orchestre

C’est le Paray qui nous intéresse le plus ici. On pourrait résumer sa façon de diriger à ces seuls mots « Rien que la partition ».

Paul Paray est en effet un chef qui se caractérise par une totale honnêteté vis à vis de la partition et des indications du compositeur. Plus que de l’honnêteté, c’est de la rigueur voire de l’intransigeance. Il joue la musique, telle qu’elle est écrite, et comme son confrère Pierre Monteux, il ne l’interprète pas (Monteux dixit). Rien de plus mais rien de moins que ce qui est sur la partition. En cela il se différencie de pratiquement tous ses collègues. Il faisait même gommer par ses musiciens toutes les annotations manuscrites antérieures qui s’étaient accumulées sur les partitions qui se repassent d’orchestre en orchestre.

Pour Paray tout ce qui est sur la partition doit s’entendre, rien ne doit être escamoté, même pour rendre la musique plus facile à jouer ou à écouter ou plus simple, ou plus apte à toucher le grand public. Non, avec Paray, l’articulation et le sens jaillissent et cela même au sein du foisonnement orchestral le plus riche. Du coup on peut (on doit) écouter dix fois, 100 fois un concert de Paray pour en saisir petit à petit tous les détails, toutes les finesses, toutes les nuances. Et même au bout de 100 fois on se dit qu’on n’a pas épuisé tout ce qu’il y a encore à y découvrir.

Petite pause musicale


La battue de Paul Paray est tellement pure, sobre, nette, incisive, qu’on peut parfois la ressentir trop froide, trop analytique, trop abrupte, distanciée. En fait c’est parce qu’on la compare avec les autres. Elle fait ressortir combien les conduites de nombreux chefs, et même des chefs réputés, peuvent être arrondies, émoussées, succinctes, voire simplistes ou encore colorées à la guimauve ou dopées à l’esbroufe, gonflées comme des baudruches.

Avec Paray chaque détail est travaillé, ciselé. Aucun n’est mineur. Aucun pupitre n’est délaissé ni au contraire artificiellement mis en avant. Aucune place non plus au pathos ou à la mièvrerie. Et quelle assise rythmique! Tempo trop rapide parfois? Que nenni, relisez la partition, le tempo est écrit et simplement respecté. Toute la partition, rien que la partition, même si pour cela le chef doit pousser l’orchestre à dépasser ses limites, à se transcender.

L’Orchestre Symphonique de Detroit littéralement transfiguré

La liste – arrêtée à la date de 2005 – des divers directeurs musicaux et chefs d’orchestres principaux de l’Orchestre Symphonique de Detroit révèle de manière flagrante la primauté de Paul Paray dans le domaine de l’enregistrement sonore :

Weston Gales (1914-1917) : 0 enregistrement
Ossip Gabrilowitsch (1918-1936) : 2 enregistrements
Franco Ghione (1936-1940) : 0 enregistrement
Victor Kolar (1940-1942) : 6 enregistrements
Karl Krueger (1944-1949) : 2 enregistrements

Paul Paray (1951-1963) : 70 enregistrements

Sixten Ehrling (1963-1973) : 2 enregistrements
Aldo Ceccato (1973-1977) : 0 enregistrement
Antal Doráti (1977-1981) : 16 enregistrements
Gunther Herbig (1984-1990) : 1 enregistrement
Neeme Järvi (1990-2005) : 40 enregistrements (mais très inégal, à mon goût personnel).

source: ResMusica
article « MUSIQUE ORCHESTRALE FRANÇAISE TRANSCENDÉE PAR PAUL PARAY »

Quitte à déplaire

Une telle précision peut déranger, interpeler, voire bousculer nos habitudes d’écoute mais jamais ennuyer. Ah ça non. Et on y revient toujours d’autant plus que les chatoiement de timbres y est inégalé grâce à des prises de son dont il semble bien qu’on en a perdu le savoir-faire, là aussi par la facilité (ou la fainéantise, le laxisme) autorisée par l’évolution technique avec toujours plus de micros et le mixage après coup.

Prise de son mini mais maxi résultat

Micro Telefunken M201

Micro Telefunken M201

A partir de 1959 Robert Fine utilisera trois micros omnidiectionnels, des M201 Telefunken/Neumann, pas de console de mixage (parce que ça colore, dénature les timbres disait-il), un magnétophone 3 pistes (Ampex 300-3)… et… un talent exceptionnel pour placer ses micros, aidé en cela par son épouse Wilma Cozart. Difficile de faire moins question matériel d’enregistrement, et de faire mieux question musicalité finale. Avant 59, seul le micro central était un omnidirectionnel M-50, flanqué à droite et à gauche de deux micros cardioïdes d’abord des M-47 puis des M-54. Ses enregistrement à partir de 1959 seront d’une transparence, d’une qualité exceptionnelle. Il s’en tiendra à cette formule idéale quand dans le même temps les majors, RCA, Decca, EMI, (Columbia et DGG étaient alors très à la traine) cherchaient encore leur voie avec plus ou moins de bonheur. Le seul chef qui à bénéficié d’un aussi belle constance dans la qualité de ses enregistrements à la même époque fut Ernest Ansermet, avec très peu de ratages. Avec Paul Paray, sur la période Detroit, on peut dire qu’il n’y a aucun déchet.

Magnétophone Ampex 300-3

Magnétophone Ampex 300-3

Magnétopgone Ampex 300 - 1950

Magnétopgone Ampex 300 – 1950

Les performances du magnétophone Ampex 300, à la vitesse de défilement de la bande magnétique de 15 pouce/sec :
Plage de fréquences +/-2dB 50-15000Hz, rapport signal/bruit 60dB pour un signal à 400Hz avec 3% de distorsions harmoniques totales, pleurage et scintillement 0,1% RMS – autant de performances qui semblent bien modestes aujourd’hui, pour ne pas dire médiocres, et pourtant plus que satisfaisantes à l’oreille!

Une bonne prise de son se réussit mieux dans une bonne salle

Robert C Fine

Robert (Bob) C Fine 1922–1982

Pour améliorer ses enregistrements du DSO, restituer l’orchestre encore plus fidèlement au disque, Bob Fine avait cherché une salle pour remplacer le Old Orchestra Hall et le récent Henry and Edsel Ford Auditorium inauguré en 1956. Ce dernier était vaste avec une bonne acoustique pour les concerts mais qui s’avérait souvent problématique pour les enregistrements, trop sèche et trop mate. Le Old Orchestra Hall avait une bonne acoustique pour les prises de son mais une scène un peu trop étroite pour un grand orchestre. Son choix s’était finalement porté sur une salle non loin du Masonic Auditorium et du Old Orchestra Hall, c’était l’amphithéâtre de la Cass Technical High School (un lycée).

Cass Technical High School Auditorium

Une salle à l’acoustique si bonne que de 1959 à 1962 désormais tous les enregistrements de Paray avec le DSO s’y feront. Entre le 27 et le 29 novembre 1959 Paray y enregistrera 6 ouvertures de Franz Von Suppé, la Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz et la symphonie en ré mineur de César Franck. A partir de 1959, les enregistrements réalisés à la Cass Technical High School par Bob Fine rapportent exactement chez vous (sur une bonne chaine Hi-Fi bien euphonisée) ce que l’on entendait sur l’estrade à 2 ou 3 m derrière le chef d’orchestre. Cette position juste derrière le chef contraste avec toutes les techniques d’enregistrement de l’époque qui vous plaçaient 10 à 12m plus loin.

L'auditorium du Cass Tech après sa fermeture

L’auditorium du Cass Tech après sa fermeture, juste avant sa démolition…

Numérisation maison

Wilma Cozart-Fine

Wilma Cozart-Fine

C’est Wilma Cozart-Fine* elle-même qui supervisera plus tard dans les années 90 la numérisation des bandes mères analogiques. Le premier CD Mercury Living Presence sortira en octobre 1990. On retrouve aujourd’hui en CD ou en téléchargement 16b/44,1kHz (sur Qobuz) exactement le son des bandes d’origine réduites de 3 à 2 pistes.

(*) au décès de son époux Robert Fine, Wilma Cozart a ajouté son nom au sien

A emporter sur l’île déserte

Berlioz Symphonie Fantastique, Paul Paray - DSO

Berlioz Symphonie Fantastique, Paul Paray – DSO

Si vous ne deviez choisir qu’un disque de Paul Paray: Choisissez donc la Symphonie Fantastique de Berlioz avec le Detroit Symphony Orchestra en 1959. Dès le premier mouvement on comprend qu’on entre avec Paray dans un monde totalement différent de celui par exemple de Munch en 1967 (Paris, Salle Wagram, 23-26 octobre 1967 – Orchestre de Paris – prise de son Paul Vavasseur – qui reste mon autre référence personnelle pour cette œuvre). Le rêve avec Paray n’y est pas tendrement romantique. D’ailleurs le programme de la Symphonie Fantastique n’est pas si romantique que ça, jugez-en: « Un jeune musicien d’une sensibilité maladive et d’une imagination ardente s’empoisonne avec de l’opium dans un accès de désespoir amoureux. La dose, trop faible pour lui donner la mort, le plonge dans un lourd sommeil accompagné des plus étranges visions. Dans son cerveau malade tout se mélange, ses sentiments, ses souvenirs et se traduisent en images musicales. » La 1ère Partie – Rêverie. Passions – est donc plus du délirium tremens et des hallucinations de mec shooté que de la gentille rêverie poétique! et dès la 2e Partie – Un bal – on est pris dans le tourbillon, et puis à peine reprend-on son souffle (3è partie)… qu’on arrête de respirer et ce jusqu’à la fin de la 5ème partie. Et quand la musique s’arrête, on met quelques instants à reprendre ses esprits. Fantastique! oui, c’est bien le mot.

Petite pause musicale

Quand un conteur rencontre un peintre…

Pour moi, Paul Paray est plus qu’un exceptionnel chef d’orchestre, c’est un conteur. Il me raconte la musique et comme un enfant qui écoute une belle histoire, je reste hypnotisé les yeux écarquillés et les oreilles grandes ouvertes. C’est le seul chef, je dis bien le seul, qui m’a provoqué un tel sentiment de fascination. Il ne me fait pas seulement comprendre la musique, il me fait rentrer dedans, fusionner avec elle. De l’autre côté des micros, il y a un peintre, Robert Fine, un amoureux des couleurs, et qui s’attache à faire ressortir chaque timbre tel qu’il l’entend dans l’auditorium du Cass Tech.

Qui n’a pas entendu ses enregistrements du DSO avec Paray n’a aucune idée de l’époustouflante palette de timbres déployés par cet orchestre. Et quand le conteur et le peintre sont réunis cela donne des enregistrements plus qu’exceptionnels, vraiment uniques, inégalés, que dis-je, même pas approchés.

Ravel_Daphnis_et_Chloe

Ravel_Daphnis_et_Chloe

Écoutez donc de Ravel, Daphnis et Chloé Le Lever du jour, ou encore le Boléro et vous comprendrez immédiatement mes propos.

C’est bien sûr un autre disque pour l’île déserte, mais je pourrais ainsi continuer sans fin… Toute les interprétations de Paray éditées en Mercury Living Presence sont toujours au plus haut niveau, au sommet. On a le sentiment que Paray ne saurait faire que de la perfection. Et les musiciens de l’orchestre de Détroit, emballés par un tel challenge, se dépassent chaque fois, en se demandant jusqu’où Paray parviendra à les faire grimper. Ils en sont épatés et en redemandent!

Une critique de la version Paray 1959 de la Symphonie Fantastique

« [Cette interprétation est] tranchante, directe, avec une grande vivacité dans l’animation interne de la pâte orchestrale, souvent prise par la fièvre, en particulier sur les cuivres, très polyphonique, d’une clarté solaire constante, traversée par une pulsation échevelée, souvent très staccato, et menée tambour battant avec un panache éblouissant. Le «Songe d’une nuit de sabbat» est explosif à souhait, et la densité de l’orchestre correspond bien à cette conception musclée et haute en couleur qu’affectionne Paray dans la musique française. On sera surpris par les première mesure du «Bal» où la pulsation n’est pas sans évoquer quelque Nuit sur le Mont chauve [...]. Bien sûr, une telle conception essentiellement motorique et rythmique, entraîne parfois quelques pointes de prosaïsme («Scène au champs») et quelques tendances mécaniques [...] mais la furia contrôlée de Paul Paray est tellement impérieuse qu’on se laisse emporter de bout en bout par ce Berlioz électrique, à la fois sarcastique et hautain. [...] » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 61)

Une critique de la version Munch 1967 de la Symphonie Fantastique

Munch-Fantastique-1967

Munch-Fantastique-1967

« On y retrouve une patte caractéristique, avec cette lecture hallucinée, ces flottement rêveurs et fantasmagoriques et la réserve de puissance que Munch savait déchaîner avec l’urgence et l’intuition qu’on lui connaissait, «Rêverie et passions», l’intitulé du premier mouvement, c’est la signature même de Charles Munch. Chaleureuse, fougueuse, mais aussi démoniaques dans la Marche au supplice et la Nuit de Sabbat, sa direction reste un modèle de romantisme débridé et d’extraversion…» (Philippe de Souza, Répertoire n° 108)

Mes conditions d’écoute

Le SARD++ devient SARD++ eTo

Le SARD++ devient SARD++ eTo

J’ai écouté cet enregistrement de la Symphonie Fantastique par Paray en stéréo, avec mon mode de lecture perso en dématérialisé vrai SARD++ eTo ( wav 16/44,1 ) en 3D phonie (toujours avec 2 canaux). Je vous assure que la scène sonore n’a aucunement besoin du SACD multicanal (ici 3 canaux) pour être parfaitement reconstituée, crédible, matérialisée, large et profonde, bien étagée avec tous les pupitres en place. Le souffle de bande est reporté sur un autre plan que la musique sur toute bonne chaine hi-fi et de ce fait il n’est nullement gênant, on l’oublie. Il est d’ailleurs utile pour régler le volume sonore au départ, en mettant le souffle juste au dessus du seuil de perception. Ensuite laissez faire votre chaine sans toucher au volume. Vous allez être surpris par la dynamique, avec les (pauvres!) 54 ou 55dB maxi de rapport signal/bruit des bandes magnétiques de l’époque, vous constaterez en réalité qu’elle vous cloue sur place! Et si ce n’est pas le cas, euphonisez votre chaine, c’est le signe évident qu’elle fonctionne bien en dessous de ses capacités, qu’elle bride le son au lieu de le laisser se déployer.

Petite pause musicale

Grandeur et décadence

Capitale de l’automobile américaine avec les trois géants, General Motors, Ford et Chrysler, à la fin des années 50 la ville de Détroit (Michigan) ne comportait pas moins de 6 salles de concerts où l’orchestre symphonique de Détroit a joué et a parfois enregistré. Le 18 juillet 2013, Détroit est la première grande ville américaine à demander une mise en faillite, la ville ayant cumulé depuis des années une dette, devenue impayable, d’environ 18,5 milliards de dollars. La population de la ville elle-même de 1,7 millions d’habitants en 1959 tombera à 700 000 en 2012. Son agglomération compte cependant plus de 4 millions habitants. En 1956 le Ford Auditorium, d’une capacité de 2926 places, avait coûté 5,7 millions de dollars, dont 2,5 financés par Ford. Le bâtiment immense de la Cass Technical High School a été démoli en 2011.

(Entre autres sources, et dont je recommande la lecture: « Les grands chefs d’orchestre, Paul Paray », par Jean-Philippe Mousnier, aux éditions L’Harmattan – 1998 – 398 pages)

Images du passé de la ville de Détroit: www.detroiturbex.com (dont le Cass Tech)

Trois phases dans une longue carrière

La première est française. Elle démarre en 1920 quand Paul Paray prend la tête de l’Orchestre des Concerts Lamoureux, puis celle des Concerts Colonne. En 1928 il s’installa à Monte-Carlo où il fut chef titulaire. Durant cette période, en parallèle avec la conduite d’orchestre,  il compose.
La deuxième phase est américaine. C’est la période 1951 – 1963 où il devient chef permanent du Detroit Symphony Orchestra.
La troisième est celle où octogénaire et nonagénaire il poursuit une carrière internationale en conservant tous ses moyens physiques et intellectuels et une curiosité musicale insatiable.

Une ère révolue

En 1979 avec la mort de Paray disparaissait le dernier des grands chefs nés dans les années 1880. Et une page se tourne. La technique d’enregistrement change et après une décennie extraordinaire peu à peu toutes les prises de son basculent vers le multi-micros. Le célèbre Decca tree avec ses 3 micros est lui aussi mis au placard. Ce n’étaient plus dès lors que des prises de son monophoniques collées les unes aux autres par le biais de la table de mixage. On en arrivera à des enregistrements en 64 pistes, avec une flopée de micros placés très près des pupitres pour minimiser l’effet de salle. Le mixage se fera ensuite en studio, avec plus ou moins de bonheur pour tenter de retrouver un semblant d’orchestre et le disque sera édité dès que l’aval du chef sera donné.

On n’aura a aucun moment enregistré ce qu’on entend dans la salle mais des petits morceaux de l’orchestre, et au final on entendra ce que l’ingénieur du son aux manettes de la console de mixage aura estimé devoir vous faire entendre après avoir recollé les morceaux tant bien que mal. Le travail du chef est trahi et même les plus grands sont dès lors, au disque, ravalés au rang des plus médiocres. Le son de l’orchestre devient aseptisé et perd toute sa personnalité. L’ambiance du lieu, l’acoustique de la salle disparait.

Quand le pire reste agréable

Le pire du collage, plus que le mixage de deux douzaines de micros, pourrait être le re-recording (mode de travail en studio amplement utilisé depuis en variété) comme celui ultérieur de l’orgue de la Symphonie n°3 de Saint Saëns où jamais les timbres et les harmoniques de l’orgue n’auront été mêlés à ceux de l’orchestre et où à aucun moment le chef n’aura été le maitre d’œuvre du résultat final. Par exemple Barenboim en 76 avec le Chicago Symphony Orchestra alors que l’orgue tenu par Gaston Litaize est à Chartres (chez DGG), ou encore Karajan au Berliner avec Pierre Cochereau à l’orgue de Notre-Dame de Paris (encore DGG). Préférez-leur la version Paul Paray au Ford Auditorium, qui possédait son orgue, comme il se doit pour toute grande salle de concert, orgue mené par son vieil ami Marcel Dupré. Mais il faut reconnaitre que même si ces collages d’un orgue à un endroit avec un orchestre situé à un autre reste un amalgame, un subterfuge, c’est très bien fait, ça sonne tout de même fort bien et ça s’écoute avec plaisir. Il y a de très beaux faux, c’est connu.

Petite pause musicale

Tout comme est révolue l’ère de « La hi-fi autrement », avec la disparition des fichiers perso de AA.

Si vous faites partie des quelques dinosaures (*) mélomanes bricoleurs qui ont mis mes bidouilles en œuvre avec bonheur chez eux, alors partagez votre savoir, passez le flambeau, transmettez la bonne parole ( pardon, le goût du bon son et le respect de la musique).

Transmettez le savoir

Transmettez le savoir, partagez votre expérience en Hi-Fi audiophile

Quant à moi, après 50 ans de recherches en hi-fi audio, je me retire. J’ai encore tant à explorer en musique et l’exemple de Paul Paray bon pied, bon œil et bonne oreille jusqu’à 93 ans me laisse grand espoir. La bonne musique, ça conserve son homme.

(*) Les autres, plus modernes, dans le coup, très Geek, sont aujourd’hui pour la plupart des adeptes du MP3 écouté sur leur iPhone ou dans le meilleur des cas sur leur dock ou station d’accueil de smartphone.

Quelques liens

Le cercle Paul Paray http://www.paulparay.fr/home.html
Discographie de Paul Paray http://www.discogs.com/artist/843529-Paul-Paray
Un français à Detroit, Paul Paray
Discographie de Paul Paray avec le DSO
Discographie de la Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz, classée par chefs de A à Z

http://fr.wikipedia.org/wiki/Orchestre_symphonique_de_D%C3%A9troit
Le révérend père Eduard Perrone ressuscite le compositeur Paul Paray
http://www.paulparay.com/biofrench.htm
Paul Paray – The life and works of a french master – biography – discography avec la liste des enregistrements Mercury Living Presence et ceux remastérisés par la suite en CD
http://fr.wikipedia.org/wiki/Orchestre_Lamoureux
http://www.orchestrecolonne.fr/page.php?contenu=orchmem
http://www.opmc.mc/?p=historique
The Complete Mercury Living Presence Discography
Les micros Telefunken /Neumann / Schoeps M-201, U47 / U48
http://www.soundfountain.com/amb/mercury.html
La Fine recording Inc. créée par Robert Fine http://www.preservationsound.com

A Fine Art: The Mercury Living Presence Recordings (sur stereophile.com)
L’hommage de l’AES (la réputée Audio Engineering Society) rendu à Robert Fine lors de sa mort en 1982
http://www.qobuz.com/info/MAGAZINE-ACTUALITES/CHERS-DISPARUS/Disparition-de-Wilma-Cozart-Fine34185

Petite pause musicale

Et voila, je vous quitte avec ce dernier billet consacré à ce chef d’orchestre exceptionnel et pourtant mal connu qu’était Paul Paray … en vous souhaitant de trouver avec votre chaine Hi-Fi autant de bonheur musical que moi avec la mienne…

Fin de la Hi-Fi autrement. Passez le flambeau si vous y avez trouvé un intérêt musical et que vous souhaitez faire partager votre expérience à d’autres mélomanes.

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Il y a cinquante ans, des pépites à foison…

C’est à croire que l’époque ne connaissait en musique que l’excellence et pas la médiocrité.
Je vais vous parler de 3 enregistrements plus que cinquantenaires très différents qui ont en commun, au delà de l’excellence, une rare complicité.

1961 Netania Davrath

La complicité la plus sincère est probablement celle qui s’inscrit dans l’anonymat au seul profit de la musique, et quelle musique!
Celle des Chants d’Auvergne, arrangés par Joseph Canteloube entre 1923 et 1930, chantés par une jeune soprano russe, Netania Davrath.

Chants d’Auvergne

La pochette (il y en a eu de nombreuses, toutes différentes) ne cite pas l’orchestre et le chef n’y apparaît que sous le pseudonyme de Pierre de La Roche. L’éditeur Vanguard Records est un petit label créé en 1950 à New York. Il a commencé par éditer du classique, de haute qualité, sous l’étiquette Vanguard Classics

Le disque, bien sûr vinyle, a été enregistré en 1961 puis réédité en 2 CDs en 1993. Le fait que l’orchestre et le chef soient omis indique qu’il s’agit probablement d’un grand orchestre et d’un chef de renom mais sous contrat avec une des majors compagnies, très jalouses de leurs droits. L’orchestre de haut niveau a des sonorités qui rappellent le Boston symphony, le New York Philharmonic ou le Chicago symphony. A coup sûr il est dirigé par un français, d’où le choix du patronyme bidon. Mais une direction aussi claire, aussi enlevée en totale osmose avec la musique et la chanteuse fait irrésistiblement penser à un Pierre Monteux (mais les dates ne collent pas), en tous cas il s’agit d’un chef comprenant parfaitement l’esprit des « Chants d’Auvergne », son terroir, son ancrage régional dans le Cantal.

Netania Davrath , ukrainienne d’origine juive (1931 – 1987) y est géniale avec une voix juvénile d’une pureté et d’un naturel qui convient ici encore mieux que celle de Victoria de Los Angeles, quelques années plus tard avec EMI, et qui était jusqu’ici ma référence (Orch. des Concerts Lamoureux, dir. Jean-Pierre Jacquillat, enregistrement EMI effectué à Paris en 2 fois en 1969 et 1974, ingénieur du son Paul Vavasseur). Son implication est totalement convaincante, et elle fait montre le cas échéant d’une autorité stupéfiante. L’Occitan est manifestement une langue dont les intonations, les accents, sont étrangement proches de sa langue natale et on sent combien Netania est à l’aise avec ce texte. C’est un régal de chaque instant, dans une prise de son excellente et tout à fait dans le style de Decca. Là encore, aucune indication sur le lieu, la date, l’ingénieur du son.
Une disque aussi mystérieux que magnifique et indispensable.

Le répertoire de Netania Davrath comprend à la fois l’opéra et des pièces de concert. Elle a collaboré avec des chefs prestigieux: Leonard Bernstein, John Barbirolli, Leopold Stokowski, Zubin Mehta et plusieurs orchestres: l’Orchestre philharmonique de New York, le Chicago Symphony Orchestra, le London Philharmonic, l’Orchestre philharmonique d’Israël, le Lyric Opera de Chicago, et l’Opéra de Boston, entre autres. Elle a enregistré dix disques avec le label Vanguard Classics. Netania Davrath parlait couramment huit langues.

http://historicoperasingers.blog.com/2012/12/21/netania-davrath-soprano/

1959 Pierre Fournier et Friedrich Gulda

Pierre Fournier, Friedrich Gulda - Beethoven

Pierre Fournier, Friedrich Gulda – Beethoven

Beethoven, les sonates pour violoncelle et piano 3, 4, 5, enregistrées à la Salle Brahms du Musikvrein de Vienne en 1959. Ici la complicité devient de la connivence jubilatoire. Jamais je n’ai entendu un tel engagement, une telle fougue, aussi bien traduite par la prise de son de Heinz Wildhagen (Deutsche Grammophon) . Deux tempéraments opposés qui s’affrontent mais qui se réconcilient dans l’instant! Réédité par Diapason « Les Indispensables de Diapason ». Une vraie jam session, presque du jazz ! on est scotché.

1959 Miles Davis

Kind of Blue, New York 1959, version Legacy remasterisée en 2008 par Columbia Records
Kind of Blue serait non seulement l’album le plus vendu de Miles Davis, mais aussi le disque de jazz le plus vendu de tous les temps.

La brochette de musiciens est impressionnante:
Miles Davis – trompette , chef d’orchestre
Julian « Cannonball » Adderley – saxophone alto , sauf sur « Blue in Green »
Paul Chambers – contrebasse
Jimmy Cobb – tambours
John Coltrane – saxophone ténor
Bill Evans – piano (sauf « Freddie Freeloader »)
Wynton Kelly – piano sur « Freddie Freeloader »

Miles Davis, Kind Of Blue

Miles Davis, Kind Of Blue

Ceux qui n’ont qu’une vague idée de ce que peut être l’improvisation en jazz, tout en restant autour d’un thème, écouteront les différents solos. C’est de la création pure, de l’inventivité à chaque instant, sans redite, sans la moindre faiblesse d’inspiration et encore moins rythmique… on attend chaque phrase avec gourmandise, et ça coule de source… comme du Mozart. Cela semble si simple, si évident. Là encore, la complicité est à un niveau rarement atteint même en Jazz. La prise de son connait quelques problèmes de saturation du micro à chaque début de plage. C’est vite rectifié, ou presque, par l’ingénieur du son, Fred Plaut. Mais en fait, 10 secondes plus tard, on s’en fiche complètement.

http://en.wikipedia.org/wiki/Kind_of_Blue

>>> Si vous ne partagez pas mon enthousiasme pour ces 3 enregistrements, posez-vous la question de savoir si votre chaîne hi-fi n’en est pas la cause.
Une chaîne non euphonisée éteint la vie, rend les choses plates, insipides, banales et inintéressantes. Elle vous fait passer à côté de merveilles. Songez-y!
Euphonie, euphoniser, euphonisation
L’euphonisation se fait en traitant le courant secteur, la terre, la source (le phonogramme, le PC lecteur et la carte-son externe ou le DAC externe ou bien le lecteur CD de salon), le préampli, le ou les amplis, les enceintes, les câbles, l’acoustique du local, l’environnement électromagnétique. Euphoniser une chaine hi-fi consiste à faire cohabiter de manière harmonieuse la source musicale, le système audio, la pièce d’écoute et l’environnement tant au niveau acoustique qu’électromagnétique. C’est apprendre à tous les acteurs d’un système audio hi-fi à vivre ensemble, à collaborer pour s’approcher au plus près de la musique vivante directe.

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DAC TEAC UD-501, câble secteur, câbles modulation, euphonisation

Episode 3, suite et fin

Teac UD-501

Teac UD-501

Paradoxalement, souvent, plus un appareil audio est élaboré et plus il sonne mal, jusqu’à en être désagréable, lors de ses premières mises en service.
Inversement un appareil simple, fait à l’économie, qui a opté pour le minimum syndical question composants, sonne souvent relativement bien dès le départ.

Les ingénieurs concepteurs auraient-il tout faux?

Ce ne serait pas une première! Mais non, sur le papier les options sophistiquées se justifient souvent pour des raisons commerciales (que toutes soient audibles est une autre question) et cela devrait se retrouver un peu sur le rendu sonore final. En fait ce que les ingénieurs ne prennent pas en compte, c’est l’environnement dans le quel l’appareil va fonctionner. Et plus il contient de composants, plus ses composants sont délicats, pointus, et plus ils seront influencés par les PNI (Perturbations Non identifiées, surtout liées aux champs électromagnétiques locaux) liées à notre vie hyper communicante moderne.
La simplicité en matière audio est souvent gage de musicalité. Le circuit le plus simple d’amplification qui est celui de la monotriode en est l’illustration la plus flagrante… Faire  du musicalement très bon avec du très sophistiqué est pourtant possible, mais c’est sacrément trapu!

Petite pause musicale

Le rodage

L’appareil audio le plus chiche en composants va tirer son épingle du jeu, quand l’autre, opulent, sera souvent englué jusqu’aux oreilles dans l’électrosmog local.
Mais c’est passager, en principe. En effet, un appareil, comme tout composant actif ou passif, même un simple câble de modulation, s’accoutume un peu à son milieu au fil des jours. Il y a comme un phénomène de montée en charge, puis d’équilibre, qui se réalise, avec finalement une sorte de compensation.

C’est cela qu’on appelle le rodage en hi-fi. Une fois rodé, parfois après 100, 200 ou même 300 heures, l’appareil sophistiqué va enfin faire la différence avec l’appareil économique. Il aura progressé alors que l’autre se sera depuis longtemps arrêté en chemin. Cela sera hélas parfois assez subtile, et loin de justifier l’écart de prix de 10 ou de 20 entre l’un et l’autre.

La seule façon de rétablir l’équilibre pour faire une écoute comparée honnête est de supprimer le handicap des PNI. Les PNI disparues ou très réduites, alors on peut écouter ce que chacun est capable d’exprimer. Et la classe de l’appareil intelligemment conçu sans lésiner par-ci par-là devrait alors s’affirmer.

Des filtres bien pensés

Pour la lecture dématérialisée vraie en SARD++, donc en PCM 16/44,1 rééchantillonnés en 176,4 kHz par le player audio AIMP3, mon choix (toujours à l’oreille)  s’est porté sur le filtre DF Slow.

Teac UD-501 filtres DF

Teac UD-501 filtres DF

Tout n’est pas si bien pensé que ça

En général, déporter loin au sol l’alimentation secteur d’un convertisseur audio N/A est toujours bénéfique. Les transformateurs sont de puissants générateurs de champs électromagnétiques et en outre ils constituent autant de portes d’entrées pour les nuisances véhiculées par le courant 230V AC. A contrario multiplier les transfos et les garder dans le même boitier est très pénalisant. Le DAC TEAC UD-501 a fait ce dernier choix de tout incorporer, deux transfos toriques pour les amplis casque, un transfo à cage pour la partie numérique. C’est bien dommage surtout pour ce dernier et cela le pénalise au point que pendant un bon moment j’ai même pensé que c’était irrémédiable.

Tourner un inconvénient en avantage

Mais le miracle de l’euphonisation est justement d’utiliser les points néfastes pour les retourner en avantages. Le TEAC UD-501 n’échappe pas à cette règle, c’est seulement que parvenir à l’euphoniser fut difficile. Il a fallu se résoudre à ouvrir le boitier… mais sans toucher ni aux circuits ni aux composants. Bref j’ai eu recours à la chirurgie douce, un peu invasive, mais non agressive.

La javel de la hi-fi

Imaginez une dégustation de café en aveugle : un robusta très ordinaire et un arabica de Colombie. Mais la dégustation est faite avec une eau fortement javellisée. Les goûteurs vont se décider en faveur du robusta car son caractère frustre et grossier, mais fort, n’est somme toute pas tellement obéré par l’odeur de javel. Le grand arabica, lui, est carrément tué par le chlore. La javel dans cette dégustation, c’est l’équivalent des PNI dans un comparatif de matériel hi-fi. Faites votre café avec de l’eau de source très pure et si c’est un nectar, vous le saurez, à coup sûr. Supprimez la javel de la hi-fi, vous retrouverez la vraie saveur de votre chaîne, ou de l’appareil audio que vous testez.

Petite pause musicale

Euphoniser, c’est dé-javelliser

Euphoniser c’est plus facile à dire qu’à faire. La seule façon de procéder avec un nouveau matériel audio est de tester les différentes contre-mesures que j’ai développées depuis des années, de les modifier, de les adapter et d’écouter, d’écouter encore et encore. Au final l’appareil traité va ressembler plus à une usine à gaz.

Euphonisation DAC TEAC UD-501

Euphonisation DAC TEAC UD-501 (ici sans coffret)

Un coffret en contreplaqué laqué noir masque heureusement tout ce bazar. Mais si le but c’est que finalement le challenger se révèle aussi musical que le vieux maître, alors c’est gagné. Et c’est le cas ici. Le TEAC UD-501 euphonisé atteint les mêmes sommets de transparence que le tenant du titre. Et cela avec des ingrédients actuels*, disponibles et relativement peu coûteux, mis à part le DAC bien sûr.

(*) La liste complète figure au fichier 140

L'euphonisation donne vie à la musique

L’euphonisation donne vie à la musique. Et c’est particulièrement vrai pour le TEAC UD-501

Les transparences

Quand un système audio est transparent à 100% (disons au mieux 99% – le 100% ne pouvant être que le concert entendu en direct) on pense à juste titre qu’il ne pourra pas être dépassé. Il est en effet impossible à priori d’imaginer ce que pourrait représenter plus de transparence, ou une autre transparence en hi-fi. Ou bien il y a transparence, ou bien il y a un voile. C’est logiquement du type tout ou rien. Certes c’est une impression subjective, mais elle est très clivante. L’esprit adhère à cette transparence ou il bien n’y croit pas… c’est ainsi, le cerveau ne fait pas dans la demi-mesure.

L’implication

Quand finalement on découvre qu’il existe bien des transparences différentes, ça fait réfléchir car cela ne saute pas aux oreilles. On constate la chose et si on veut l’analyser à l’aulne de notions hi-fi classiques, rien ne fait la différence. C’est un sentiment beaucoup plus profond, plus intime, au delà de la perception auditive… La chose est délicate à décrire avec des mots.
Il y a la transparence « impliquée » qui fait immédiatement de vous un acteur qui participe et va s’imbiber de l’émotion musicale et il y a la transparence « détachée » qui vous place plus comme un observateur, un spectateur qui pose un regard plus distancié, plus critique sur le discours musical. Les mots marquent trop violemment cette différence qui est bien plus subtile, car les deux se mélangent. C’est une question de dosage réciproque.
C’est la même transparence au plan sonore dans les deux cas, mais l’attitude du sujet-écoutant est légèrement différente vis à vis de l’objet musical. C’est l’auditeur qui change, plus que le son. Mais c’est la chaîne hi-fi – et son euphonisation – qui fera pencher la balance un chouïa plus vers l’impliqué ou un chouïa plus vers le distancié. C’est beau et convaincant dans les deux cas, sans se se poser de question existentielle. Le match des convertisseurs E-MU 0202 vs Teac UD-501 renvoie donc les compétiteurs dos à dos, en refusant d’arbitrer le combat.

Ecoute comparée E-MU 0202 vs TEAC UD-501

Ecoute comparée E-MU 0202 vs TEAC UD-501

Qui a gagné? Les deux!

Je suis incapable de dire quel DAC je préfère à l’écoute au casque Stax Lambda 404, dès lors que les deux convertisseurs N/A sont placés dans conditions optimales. Ce qui est sûr c’est que non euphonisé et avec des câbles quelconques, le rendu sonore du TEAC UD-501 est très loin de satisfaire à mes critères musicaux. C’est même une mauvaise affaire.

Si vous n’êtes ni bricoleur, ni très motivé, ni un mélomane particulièrement exigeant, alors restez au petit DAC Gamax à 42,64€, inutile de dépenser plus, de vous compliquer la vie. relire le billet: Quel prix doit-on mettre dans un convertisseur N/A externe?  Et si vous voulez donner plus de corps à ce petit DAC super économique, remplacez le mini bloc secteur fourni par une alimentation linéaire régulée externe 12v 1,5A – coût 27,95€ par exemple  chez conrad.fr (et avec une superterre magnétique pour cette dernière, c’est encore mieux – voir fichier 76-superterre-magnetique.htm ). Ce qui est aussi établi, c’est que l’optimisation de l’UD-501 dans le contexte de mon bureau, pour ma chaîne dédiée casque Stax 404, n’est pas extrapolable telle quelle dans mon salon, à fortiori chez autrui.

Rien de plus mais rien de moins

C’est une excellente surprise qu’on puisse encore en 2014 faire en sorte d’optimiser un convertisseur N/A et qu’on puisse le faire avec des ingrédients disponibles et peu onéreux, sans toucher à l’électronique. Au départ de ce match, j’étais assez sceptique. L’E-MU 0202, avec sa couronne de 7 condensateurs Blackgate, avec son alimentation de laboratoire euphonisée au petit poil, avec sa superterre magnétique, avec son câble traité KillJitterUSB, me paraissait planer à des hauteurs inaccessibles au DAC UD-501. Et puis, petit à petit j’ai trouvé les paramètres à modifier dans le contexte local de mon bureau et le convertisseur N/A TEAC est doucement parvenu au même niveau que son aîné.

Petite pause musicale

Modifier le contexte

Quand on ne peut pas modifier le comportement d’un appareil, sa façon de réagir dans un environnement donné, on peut tenter de modifier cet environnement. On résout alors le problème de manière élégante. Le seul inconvénient est que la solution étant externe à l’appareil, elle n’est pas extrapolable. Si l’appareil est déplacé, mis dans une autre pièce de la maison, tout est à refaire.

Le TEAC UD-501 est installé dans mon bureau avec ma chaîne hi-fi dédiée à l’écoute au casque. Son optimisation ne vaut que pour ce lieu, que pour son meuble et placé à cet endroit. Il m’est donc impossible de faire une comparaison sur mes enceintes enceintes acoustiques en 3D phonie comme je l’envisageais au départ. Mais je sais maintenant que c’est inutile, car le résultat serait identique à l’E-MU 0202 installée à demeure dans mon salon.

Le match E-MU 0202 vs TEAC UD-501 se termine donc plus tôt que prévu, mais aussi bien mieux que je ne l’avais imaginé.

Les accessoires sont en fait le principal

Le DAC TEAC UD-501 est sensible au courant secteur 230V qu’il vaut mieux avoir symétrisé et filtré, avec une ligne euphonisée depuis le compteur. Il est très sensible à la qualité de la terre EDF mais surtout à la terre « locale », à la relation qu’il développe avec elle sur le meuble sur lequel il est posé. Il est sensible au champs CEM ambiants, aériens. Il est très sensible à son cordon secteur, à son câble USB (le Furutech va bien si un peu aidé par un EMO-BOOSTER et un filtre TiO²).

Répéteur de capot - euphonisation DAC UD-501

Répéteur de capot – euphonisation DAC UD-501

La bidouille la plus étonnamment efficace avec le Teac UD-501 est le « Répéteur de capot » avec sa LED bleue, qui permet de faire facilement des réglages fins. J’explique comment.

Enfin il lui faut de bons câbles de modulation. Et c’est sur ce dernier point que cela achoppe. j’ai testé divers câbles audio dont un qui me semblait prometteur, le QED Audio 2. Pas trop mal, bien équilibré, mais encore insuffisant, car pour égaler l’E-MU 0202 il faudra passer au DIY et se concocter soi-même des hypercâbles (cf fichier 37-guide-euphonie.htm).

Un art, pas une science

Le fichier 140-DacTeacUD501 est gros. Il est divisé en 3 sous-dossiers de photos dont un

Téléchargement 140-DacTeacUD501.zip

Téléchargement fichier 140-DacTeacUD501.zip

concerne les seules phases de recherche, les tâtonnements, les échecs, les impasses. Ce dossier ne doit pas être écarté pour autant car ce qui n’a pas été concluant chez moi peut l’être ailleurs, chez vous, dans un autre contexte, et inversement.
L’euphonisation n’est pas une science exacte, mais un art. Son seul instrument de mesure est vos oreilles et votre cerveau. Les vôtres, pas ceux des autres et encore moins ceux des forumeurs. Croyez ce que vos oreilles vous disent et ce que votre cœur ressent comme émotion en écoutant la musique. Vous réussirez à coup sûr votre euphonisation.

Sur l’île déserte

Stradivarius 1725

Une carte-son digne d’un Stradivarius de 1725

Si je devais faire un choix et ne conserver qu’un seul des deux convertisseurs en lice, mon choix se porterait tout de même sur l’E-MU 0202, avec sa couronne de condensateurs Black gate et son alimentation de laboratoire externe avec sa superterre magnétique. Son rendu sonore si charnel, si humain, si émouvant, reste à part, hors normes. Mais ni la carte-son ni les condensateurs Black gate ne sont plus fabriqués… Si vous les possédez, gardez-les précieusement, au même titre qu’un violon de 1725 signé Antonio Stradivari.

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DAC TEAC UD-501, Rodage et câble USB

Episode 2, suite…

Après plus d’une centaine d’heures passées à lire des fichiers audio variés le convertisseur N/A TEAC UD-501 s’est-il amélioré? La réponse est OUI.
A-t-il révélé à cette occasion des qualités musicales hors du commun? la réponse est NON.
Est-il musicalement acceptable selon mes critères personnels? La réponse est NON.
Laisse-t-il présager un avenir plus glorieux? La réponse est… Peut-être.

Match E-MU 0202 DIY vs Dac TEAC UD-501

Match E-MU 0202 DIY vs Dac TEAC UD-501

Couvert de louanges

Cet appareil est unanimement encensé par les revues spécialisée et par nombre d’internautes. Au delà du Panurgisme, je crois qu’il faut remettre les choses à leur juste place. Je suis loin d’avoir été emballé par mon premier contact avec ce convertisseur N/A.

DAC Gamax

DAC Gamax

De prime abord le Teac UD-501 m’a même paru moins séduisant à l’oreille que le petit DAC Gamax à 42€ (*), ( relire mon ancien billet  ) avec pour le Teac un rendu sonore moins équilibré, moins vivant, plus abrupte, plus vert.

Eviter les pièges

Quand on écoute le Teac UD-501, à la fois trop tôt et trop vite, on peut se faire piéger par des différences flagrantes. Ce n’est pas parce que le son est différent qu’il est forcément meilleur. Il ne faut pas confondre la superficialité du son avec ses qualités profondes:

- la violence n’est pas l’autorité
- la rutilance des timbres n’est forcément synonyme de véracité
- la tonitruance n’est pas le « Grand Son »
- la matérialité 3D ne fait pas à elle seule la crédibilité de l’objet sonore
- les détails « nouveaux » qui jaillissent ne sont pas forcément des « plus ». Ce sont souvent des effets de masque qui mettent artificiellement en valeur ceci en occultant cela.
- la réverbération « bête » ne fait pas l’acoustique de salle.
- l’absence de bruit ne fait pas le silence habité, sa profondeur, sa noirceur.
- la géométrie de la scène sonore ne se réduit pas à la largeur, un premier plan et un arrière plan, fut-il lointain, il faut aussi les plans intermédiaires et qu’ils soient construits. etc. etc.

Et même quand ces conditions sont satisfaites, ça ne fait pas naître pour autant chaque fois l’émotion. Il faut encore l’étincelle qui enflamme le mélange. L’émotion, c’est cela qui compte!

Petite pause musicale

Au casque seulement

L’écoute est faite par la sortie casque du Teac, avec le Fostex TH7B, afin de ne pas être influencé par des câbles de modulation plus ou moins bons en sorties lignes. Je n’utilise pas les sorties symétriques dont je ne pense que du bien dès lors qu’elles sont à un usage professionnel pour des appareils distants de plusieurs dizaines de mètres.

L’écoute sur enceintes acoustiques est prématurée, de même que l’écoute au casque Stax.
Le casque Fostex n’est certes pas aussi analytique qu’un Stax Lambda Signature, mais il est très équilibré et il peut se brancher à la sortie casque (excellente, en classe A) de l’E-MU 0202. Si on ne peut pas faire une comparaison A/B immédiate (test instantané que je trouve assez débile pour percevoir l’émotion, s’en imprégner) il suffit de débrancher la prise secteur de l’un pour la remplacer par l’autre au sortir des filtres du transfo symétriseur 300VA. Cela ne prend que quelques secondes.
Avec le Fostex TH7B je dégrossis, plus tard je cernerai les bidouilles d’euphonisation qui marchent. Peaufiner leur réglage viendra par la suite avec le casque Stax et avec les enceintes.

Un Diapason d’or

En Octobre 2013, on pouvait lire dans la revue Diapason le commentaire suivant:

Ecoute – Par rapport à notre lecteur CD de référence [NDLR - c'est déjà une comparaison inégale qui favorise le UD-501], l’image sonore est légèrement plus détaillée et précise , quoique accompagnée d’une infime brillance [infime, tu parles!] fort peu rédhibitoire [!], car on gagne en richesse d’informations [artificielles!], qualité première d’un bon convertisseur [ce n'est pas ce que je place en premier]. Les violons se distinguent par leur fraîcheur, leur luminosité naturelle. Autre plus-value, l’impression de « tourner » autour des instruments, à la faveur d’une scène sonore mieux définie et plus profonde [le lecteur CD n'est pas vraiment la référence à prendre!]. Les extinctions de notes sont très convaincantes… etc.
Points faibles: aucun

Bilan, il se voyait décerné un diapason d’or:
http://www.teac.fr/images/pdf/Presse_UD-501-Diapason-OR-N617-Oct2013.pdf

Il faut se rappeler que le Magazine en question compare toujours les appareils dans une même gamme de prix, ce qui est louable en soi, mais encore faut-il qu’ils appartiennent à la même famille. Comparer des convertisseurs entre eux (et ça ne manque pas dans la tranche 600 à 1000€) eut été plus homogène que comparer un convertisseur avec un lecteur CD de salon. A noter que ce même magazine Diapason en Février 2013 notait pour ce même UD-501, Points faibles: guère (donc en Février il en avait) et non pas « aucun ». Il n’était alors noté que « Top son » et pas Diapason d’or.

Cruelle confrontation

A ce stade la comparaison avec le convertisseur E-MU 0202 bidouillé AA (six fois moins cher! mais en partie DIY) est fort cruelle pour le Teac UD-501. L’E-MU 0202 fait jaillir l’âme de la musique, son éloquence vibrante, sa tension de chaque instant. On reste suspendu à ses lèvres dans l’attente impatiente de la suite. Rien de tout ça ne ressort avec le UD-501 au sortir de sa boite ou encore mi rodage (50 heures). Après plus d’une centaine d’heures les choses s’améliorent sensiblement mais sans arriver au niveau d’émotion engendré par l’E-MU 0202. Mais peut-être faudra-t-il attendre 200 ou 300 heures de service pour que l’UD-501 se libère vraiment.

L’émotion en question

Pour cerner l’émotion, la capacité à émouvoir d’un convertisseur N/A nul besoin pour cette première décantation d’écouter 40 ou 50 airs pendant des heures.
Les quelques morceaux suivants suffisent, et en 30 secondes par air, on sait ce qu’on a avec l’un et pas avec l’autre:

-Schubert, Le voyage d’hiver, Der Leierman, Thomas Hampson,
-Mozart, La flûte enchantée, Air de Pamina, Ach, Ich Fuhl’s
-Verdi, Macbeth, La luce langue, Julia Varady
-Dvorak, Concerto pour violoncelle, 1er mvt Allegro, Mtislav Rostropovitch
-Haendel, Ariodante, Acte II Scherza infida, Anne Sophie Von Otter
-Castaldi, Tasteggio save, Chi vidde piu lieto, Guillemette Laurens,
-Berlioz, Les nuits d’été, Crespin
-Verdi, La traviata, Bergonzi/Caballé

Petite pause musicale

Les points faibles du UD-501

- Un équilibre montant qui dénature le son, au profit d’une brillance artificielle qu’on peut vite prendre pour de la précision.
- Un son clairet qui le rend inapte en l’état à restituer de façon crédible les grands orchestres symphoniques, la voix humaine ou simplement un piano de concert.
- Une pêche qui frise l’agressivité et qui n’est pas du tout ce que je nomme « le Grand Son ».
- Une rythmique qui confond vitesse et précipitation, sans en faire ressortir les nuances, les inflexions les plus fines.

Cette appréciation m’est toute personnelle et faite dans un contexte précis avec le cordon secteur fourni et un câble USB d’origine E-MU.  Elle pourra paraître sévère, voire injuste, à ceux qui ne tarissent pas d’éloges sur ce DAC. Mais je conseillerais à ces encenseurs d’aller assister à quelques concerts classiques pour retrouver des éléments de référence auditive sains.

Maintenant qu’il est supposé être rodé – mais rien n’est moins sûr –  on ne peut pas dire qu’il s’agisse de défauts de jeunesse des composants. Certes on peut encore attendre que l’appareil s’affine au fil du temps, du moins on peut l’espérer. Mais je pense qu’il faut chercher ailleurs la raison de ce déficit musical.

Les causes possibles

Tout d’abord les câbles: câble secteur, câble USB et ensuite bien sûr les câbles de modulation RCA. J’insiste sur le rôle primordial du câble USB dans le cas présent.
Pour le premier essai j’avais utilisé un câble USB de 1,8m fourni à l’époque par Creative Lab Pro avec l’E-MU 0202. Câble laissé tel quel pour le UD-501 alors que ce même câble bénéficie d’une euphonisation sophistiquée par le « KillJitterUSB » pour mon E-MU 0202 bidouillée AA.
Comme je l’ai dit précédemment, j’ai acheté un câble USB « audiophile », Furutech GT2, spécialement pour ce UD-501, câble dont la conception sérieuse m’a séduit, et à un prix encore raisonnable. J’ai donc branché ce beau câble bleu nuit.

Enfin écoutable

Câble USB Furutech GT2 modifié AA

Câble USB Furutech GT2 modifié AA

La transformation apportée par le câble USB Furutech GT2 est radicale!

Le son se rééquilibre avec un bas médium, haut grave et grave désormais bien présents et bien articulés. Le son ‘clairet’ a quasi disparu. Les timbres des voix commencent à s’affirmer. Le piano sonne ‘presque’ comme un piano. Le violoncelle retrouve en partie sa caisse boisée. Les voix commencent à prendre de la chair.

J’ai pris un câble GT2 en 1,8m (comme celui de l’E-MU auquel il est confronté) mais on peut choisir un câble le plus court possible, 60cm, histoire de réduire au minimum la distance entre PC et DAC.

Seule manque encore la vie, celle qui fait jaillir l’émotion.

La quête de l’étincelle de vie devrait être l’apanage de l’euphonisation, laquelle devrait supprimer toutes les brillances artificielles, et surtout ce scintillement du son, ce petit halo irisé, propre aux PNI non maîtrisées. La crédibilité devrait largement y gagner, l’émotion aussi. Mais tout ceci reste encore au conditionnel.

Petite pause musicale

Un mini dopeur d’émotion

EMO-BOOSTER

EMO-BOOSTER, pour un peu plus d’émotion

Ne voulant pas faire lancer mes lecteurs dans la bidouille assez complexe du KillJitterUSB (voir le dossier 137 dans mes fichiers perso), j’ai tout de même doté ce câble Furutech GT2 d’un petit cylindre que j’ai baptisé EMO-BOOSTER, facile à faire… il améliore bien les choses, sans arriver, au niveau d’émotion de l’E-MU 0202 euphonisée, équipée avec son câble USB quelque peu monstrueux.

De même, poser le UD-501 sur une petite tablette mélaminée 21x29cm en 16mm avec dessus un napperon intissé, bords crantés, zébré à 45°de bandes alternées Iode/Carbone/Cobalt et 5 patins feutre en dessous, lui donne une autre assise, un autre aplomb, de la sérénité. (Pour le DAC Teac UD-H01 – et pour répondre au commentaire de Moa des bois – la tablette mélaminée sera réduite à 21,5mm x 23 mm)

Tablette support Teac UD-501

Tablette support Teac UD-501

Téléchargement download les fichiers perso de AA

Téléchargement download les fichiers perso de AA

Tout ceci sera repris en détail dans un fichier 140-DacTeacUD501.

Les autres maillons faibles

A ce stade il me reste donc à traiter le cordon secteur, à choisir de bons cordons de modulation, et bien sûr il me reste à faire le plus gros, à euphoniser l’appareil, si possible sans l’ouvrir.

Les points positifs du Teac UD-501

Il accepte le rééchantillonnage local du player audio en 176,4kHz, et 32 bits interne
Son filtre DF  (Slow, Sharp ou Off)
Son driver est bien écrit, avec un bon mode ASIO
Ses 2 convertisseurs N/A BurrBrown PCM1795 sont excellents (mais à mon avis ils le sont tous!)
Son ampli casque est très bon
Sa construction est très soignée.
Et… c’est tout!
La multiplication des entrées et des sorties tient plus d’un phénomène de mode.
Le reste, au plan de sa musicalité, bien que rodé (?), est encore largement en devenir.

Episode 3 : le DAC UD-501, est-il améliorable?

En effet, la question se pose de savoir si l’appareil va se prêter à une euphonisation seulement externe. Sera-t-il assez réceptif? Est-ce que cette approche « non intrusive » sera suffisante? Le fait d’avoir une alimentation entièrement intégrée sera-t-il neutre ou bien pénalisant, voire rédhibitoire?
J’ai pourtant le sentiment que le DAC TEAC UD-501 est musicalement très améliorable, reste à savoir comment et jusqu’à quel point. Il y a du travail, ce n’est pas gagné.

Mais j’ai bon espoir sinon je n’écrirais pas ces articles. Je ne parle en effet jamais des perdants, seulement des gagnants ou des « espoirs » comme dans le cas présent.

Un bon mariage

Le DAC Teac UD-501 se marie fort bien avec le câble USB Furutech GT2, et si on veut une solution simple, équilibrée et pas trop onéreuse on peut parfaitement lui adjoindre le casque Fostex TH7B. On pourra écouter tous types de musiques, de manière assez honnête. Et ne croyez pas que le Fostex TH7B sera le maillon faible de l’histoire, pas du tout.
Un bon mariage, mais pas follement enthousiasmant. Pour un mariage d’amour, pour le coup de foudre, les épisodes suivants, 4 et 5 (l’euphonisation) seront déterminants et toujours analysés avec le casque Fostex.
Une affaire à suivre…

>>> Se reporter au billet précédent pour relire le début du feuilleton.

(*) Le petit DAC Gamax est livré avec un câble USB plat qui lui va très bien ! Aucune dépense supplémentaire.

En avant première

Un gros effort esthétique de AA , c’est rare.
Sans pouvoir encore dévoiler les détails de ce qu’il y a dans ce gros coffret noir, hormis bien sûr le convertisseur N/A Teac UD-501 laissé intact dans son boitier d’origine, voici l’aspect final de la version euphonisée AA. Le halo de lumière au dos du coffret vous donnera cependant une petite indication. Le look après bidouilles restera donc acceptable par le WAF.

Teac ud-501 euphonisé AA

Teac ud-501 euphonisé AA

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DAC TEAC UD 501. Ecoute comparative de 2 convertisseurs N/A externes

Un match à priori très inégal

Episode 1 – Les protagonistes – A lire ici…
Episode 2 – Un premier point provisoire sur le DAC UD-501 à mi rodage. Le convertisseur TEAC tourne en boucle sur de la musique variée depuis une semaine environ à raison de 8h par jour. Les fichiers pour ce rodage sont des .wav en 16/44,1 lus depuis le disque disque, pas en Ramdisk.

DAC TEAC UD-501 en cours de rodage par l'Audiophile AA

DAC TEAC UD-501 en cours de rodage par l’Audiophile AA

Pour simuler un « vrai » usage, il est éteint quelques secondes toutes les deux ou trois heures. Le câble secteur est celui d’origine, le câble USB est celui que Creative fournit avec l’E-MU 0202 ou 0204. Le courant 230V est laissé en l’état, asymétrique, non filtré.

Un mieux sensible

La verdeur que le convertisseur N/A UD-501 avait au départ, son côté ferraillant, son agressivité, sa déficience dans le bas du spectre se sont grandement améliorés. Disons que c’est moins pire.

Les premières heures, il était carrément inécoutable (à mes oreilles). Cela va déjà mieux après une bonne cinquantaine d’heures de fonctionnement. Par contre on est toujours sur un son « numérique », froid, réverbéré mais sans acoustique de salle, sans chaleur. La profondeur devient assez bonne, prononcée, mais pas crédible car l’étagement des plans sonores n’est pas encore au rendez-vous. Tout est soit en avant soit en arrière avec rien entre les deux. Les timbres commencent à mieux s’affirmer, à se différencier. La pulsion commence à s’affirmer mais on est encore loin du « grand son ».

Petite pause musicale

Conditions d’écoute

Pour ne pas le pénaliser avec les piteux câbles RCA fournis par Teac, l’écoute s’est faite uniquement via la sortie casque avec, pour rester homogène, un casque de prix « raisonnable », le casque Fostex TH7-B et mes oreillettes Philips DIY avec sur-casque antibruit (voir fichier 67-audiophile-carte-son-usb.htm). Les écoutes plus pointues avec le casque Stax et sur les enceintes Quad ESL63 ne viendront que plus tard. Pour l’heure, ce serait prématuré et très pénalisant.

Verdict provisoire

Si je devais faire une comparaison, bien que ce soit prématuré, la bonne vieille carte-son E-MU 0202 DIY euphonisée caracole toujours en tête avec 50 longueurs d’avance. C’est le jour et la nuit question musicalité, crédibilité, plaisir, émotion.

Mais à ce stade intermédiaire je m’y attendais, et c’est assez normal, tout en étant un peu décevant. On espère toujours un miracle venant d’une technologie tellement plus sophistiquée… et le miracle n’arrive presque jamais! en tous cas pas de cette manière. Mon credo « ce n’est pas tant l’électronique qui fait le son que l’environnement dans lequel elle travaille » se vérifie encore une fois.

Pour répondre à mes ultimes critères d’appréciation en Hi-Fi :
- j’y crois ou j’y crois pas.
- J’oublie la chaîne, le casque, les enceintes, ou pas.
La réponse est pour l’heure négative sans la moindre hésitation.

Peut mieux faire

DAC UD-501 version Phi Audiophile AA

DAC UD-501 version Phi Audiophile AA

Par contre un rapide essai avec seulement deux de mes bidouilles externes d’euphonisation a montré que le convertisseur N/A TEAC était particulièrement réceptif, réactif.

C’est encourageant pour l’avenir et son éventuelle euphonisation. Patience donc… Peut mieux faire… va certainement mieux faire.

Rodage et câble USB

La prochaine étape sera, durant la seconde moitié du rodage qui reste à faire, d’en profiter aussi pour tester un câble USB plus « audiophile »… le feuilleton continue.

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Les grandes prises de son du passé: lumière sur un homme de l’ombre

L'homme de l'ombre, l'ingénieur du son

L’homme de l’ombre, l’ingénieur du son

Je reviens encore une fois sur les grands ingénieurs du son – souvent méconnus – à l’occasion de l’édition limitée en 2012, (épuisée en CDs, mais téléchargeable sur Qobuz), du coffret de 82 CDs « Karajan 1960s » couvrant la période 1959-1970 par la Deutsche Grammophon.

Coffret Karajan1960s (DG)

Coffret Karajan1960s (DG)

Je ne suis pourtant pas fan de HvK

Si je ne goûte pas particulièrement les interprétations d’Herbert von Karajan, c’est surtout celles faites après 1975, enregistrées à la nouvelle Philharmonie et non plus à la Jesus-Christus Kirche de Berlin. Je préfère nettement le Karajan jeune, y compris celui de 1948 à 1955 en tant que chef permanent du Philharmonia Orchestra. Pour moi, le milieu des années des années 70 marque l’amorce d’un tournant dans le long parcours de Karajan.
De 1960 à 1989, un même homme l’a pourtant accompagné tout au long du chemin, qui s’est tenu dans l’ombre du maître. Une ombre d’autant plus dense qu’il s’agissait du disque noir vinyle et que par ailleurs le maître, lui, se mettait toujours en pleine lumière, en personnage très médiatique, voire mégalomaniaque, qu’il aimait incarner en public.

La double personnalité de Karajan:  (documentaire en allemand et non sous-titré, mais même les non germanophones comprendront le principal)

Cet homme dans l’ombre discographique du géant, c’était son ingénieur du son chez DG de 1960 à 1989, Günter Hermanns.

Incontournable

Le coffret « Karajan 1960s » est  indispensable dans toute bonne discothèque classique à plus d’un titre:

1 – Cette réédition couvre une période où les prises de son sont encore analogiques. Ce n’est pas une qualité en soi, mais à l’époque, du fait des limitations techniques du mixage, on utilise encore peu de micros. Cela impose des choix à l’ingénieur du son et suppose d’avoir de l’oreille, un certain goût musical.

2 – Nombre d’enregistrements sont alors réalisés à l’église évangélique du Jésus-Christ de Berlin dans une excellente acoustique à la fois longue, réverbérée, mais pas froide, au contraire. La Philharmonie de Berlin avec ses balcons en vignoble ne sera inaugurée qu’en 1963 (salle vite surnommée par les Berlinois «Zirkus Karajani»).

3 – L’ingénieur du son, Günter Hermanns, fait partie de cette génération des pionniers défricheurs de la stéréo aussi musiciens que techniciens.

4 – La remasterisation, plus tard, par les Emil Berliner Studios en qualité « Original Image Bit Processing » (OIBP) rend enfin toute leur musicalité à ces enregistrements analogiques dont les précédentes éditions en CD (y compris celles reprises en 1993 dans la collection Galleria) marquait une infériorité flagrante de musicalité par rapport au 33T vinyle. La remastérisation refait découvrir les bienfaits du numérique pour restituer parfaitement l’analogique des bandes magnétiques master d’origine, bien mieux que ne peut le faire la meilleure galette noire. Les enregistrements et mixages en pur numérique seront réalisés en 24 bits par les Emil Berliner Studios en 1990-91. A partir de 1995 DG commença la remastérisation des bandes analogiques en 24 bits et le retraitement selon le processus « Original Image Bit Processing ». C’est le cas de tous les disques du coffret « Karajan 1960s ».

5 – Sur cette décennie 60 Herbert von Karajan se révèle un grand chef, un conducteur d’orchestre inspiré, avec une vision,  et d’une rigueur, d’une fermeté de ligne, à l’égal des plus grands. Je ne retrouverai plus (ou de moins en moins) ces qualités chez Karajan à partir du milieu des années 70. Sa vision change, devient à la fois plus globale et plus superficielle, avec une recherche d’une certaine esthétique sonore que je trouve à la fois plus lourde, emphatique, assez indigeste, et avec moins de sens. Plus d’effets de manche et moins d’émotion, moins de tension (On peut parfaitement ne pas partager ce sentiment qui m’est personnel) .

Pour la petite histoire, Karajan aurait délaissé l’église de Jésus-Christ non pour son acoustique (excellente) mais pour des raisons, semble-t-il, de pures convenances personnelles. La Deutsche Grammophon, et donc Günter Hermanns, ne pouvait bien sûr que se plier aux caprices du maestro qui par ailleurs recherchait aussi « un autre son ». Peut-être aussi est-ce une conséquence de l’acoustique plus sourde de la nouvelle Philharmonie, avec un orchestre un peu plus dilaté et l’obligation d’y multiplier les micros. Bref, à mon goût,  après l’abandon de la Jesus-Christus Kirche comme lieu d’enregistrement, et quelles qu’en soient les raisons réelles, ça se dégrade à tous les niveaux, et je décroche.

Une seconde vie par le disque

Pour illustrer ce coffret « Karajan 1960s », le film « Karajan, La seconde vie » tombe à point nommé. Le film rend bien compte de la recherche de perfection qui animait Karajan sur tous les plans, musicaux comme techniques, et son rapport intime avec la technologie de pointe et avec le disque. Le film donne aussi une dimension plus humaine au personnage qui n’était pas que le « Kaiser », « l’Empereur » à la fois perfectionniste et tyrannique. Une personnalité complexe, contradictoire, qui mélangeait l’extrême précision et le laisser-aller. Il redonne enfin à un Günter Hermanns, au travers de deux conversations téléphoniques que Karajan a avec lui, la petite parcelle de gloire qui lui revient, derrière sa console de prise de son et de mixage.

Les oubliés de l’histoire

Sur le site officiel de DG, ou sur celui des studios Emil Berliner, le nom de Günter Hermanns semble quasi oublié. Si vous y lancez une recherche sur Günter Hermanns, aucun article ne ressort, seule apparaît une vague photo de studio où il est à demi caché. Ingratitude, indifférence envers les sans-grade, la valetaille ? Pourtant Karajan faisait totalement confiance à Herr Hermanns pour la partie technique, sans pratiquement jamais remettre en cause ses choix et ses réglages. Le son Karajan-Berliner Philhamoniker Orchestra de ces enregistrements à la Jesus-Christus Kirche  est donc aussi celui de Mr Hermanns, de ses options, de ses choix. Mais il ne faudrait pas croire pour autant que toutes les prises de son effectuées par Hermanns étaient toujours bonnes, loin de là, en outre il ne travaillait pas seul.

Karajan – The second Life – Un film de Eric Schulz

Film de 80 minutes, disponible en DVD : http://www.amazon.fr/Second-Life-Herbert-von-Karajan . Format: 16:9 filmé en Haute Définition. Sous-titré multilingues

“Schulz is clearly in love with what the Karajan mythology can hand as a film-maker while realising that the wackier fringes of HvK lionisation need, if not exactly to be challenged, then at least acknowledged.” Gramophone Magazine, July 2013

C’est un des rares films, peut-être le seul avec « Pianomania – à la recherche du son parfait » de Lilian Franck et Robert Cibis (2009), qui évoque les hommes de l’ombre de l’univers musical classique, l’accordeur préparateur de piano (Steinway) dans en cas, l’ingénieur du son (Deutsche Grammophon) dans l’autre.

Moi, je me pose la question: le Herbert von Karajan des années 60 serait-il aussi grand dans son legs discographique sans un Günter Hermanns? Pas sûr. En tous cas il serait nettement moins immortel. Ce qui est certain c’est qu’aucun chef n’a autant enregistré et sur une aussi longue période et que dans cette quantité inégalée de disques, il a aussi laissé des interprétations exceptionnelles.

God bless Günter Hermanns

Le seul commentaire élogieux pour Günter Hermanns que j’ai trouvé sur l’Internet est celui d’un mélomane américain – CVA, de Sinking Spring en Pennsylvanie – trouvé sur Amazon.com concernant le coffret 1970s (donc pas le 1960s), mais qui partage mon sentiment de gratitude pour le tonmeister de la DG en indiquant qu’il avait eu l’envie de lui dédier un billet intitulé « GOD BLESS GUNTER HERMANNS »
http://www.amazon.com/review/R6Z27H178Z40T/ref=cm_cr_pr_viewpnt#R6Z27H178Z40T . La discographie abondante où le nom de Günter Hermanns apparaît pour la prise de son en tant que tonmeister, recording engineer ou balance engineer témoigne pour lui, plus que des louanges ou qu’un Grammy Awards (aucun ne lui sera jamais décerné).

Un trésor? Presque! Car beaucoup des pépites…

Sur les 82 CD du coffret « Karajan 1960s », tout n’est pas génial, et le côté commercial de la réédition, en faisant systématiquement un CD par 33T (CD donc sous-utilisé en durée), en double artificiellement le nombre tout en laissant en place les doublons déjà pratiqués avec les sorties des galettes vinyles de l’époque. Un autre bémol, le fac-similé des versos des pochettes des 33T 30cm d’origine est tellement miniaturisé pour tenir sur les étuis de 12cm des CDs qu’il faut une loupe pour arriver à les déchiffrer. Heureusement un gros livret séparé complète le tout.
Le coffret contient tout de même 188 oeuvres, et ce une fois les doublons enlevés. Seules 28 sont clairement notées enregistrées à la Jesus-Christus Kirche de Berlin, mais à l’oreille il y en a davantage. On en trouvera la liste, avec les minutages, parfois les lieux des enregistrements et les millésimes sur http://www.arkivmusic.com/classical/album.jsp?album_id=735543

Petite pause musicale

Karajan 1960s, et pas 1970s !

Attention, mes propos ne portent pas sur le coffret consacré à la décennie suivante « Karajan 1970s » qui contient lui aussi 82 CDs, mais bien sur le seul « Karajan 1960s ».
Le coffret 1960s : http://www.deutschegrammophon.com/en/cat/4790055
Le coffret 1970s : http://www.deutschegrammophon.com/en/cat/4791577

http://www.deutschegrammophon.com/en/series/prod_series?ID=GLLRIA
http://de.wikipedia.org/wiki/Jesus-Christus-Kirche_Dahlem
http://www.emil-berliner-studios.com/en/geschichte.html
http://de.wikipedia.org/wiki/Herbert_von_Karajan
http://www.arte.tv/fr/le-dernier-empereur/1982602.html
http://www.discogs.com/artist/835063-G%C3%BCnter-Hermanns
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pianomania
Karajan – A God among Conductors (revue Gramophone Janvier 2008) « Even 30 years later, his sound engineer at DG, Günter Hermanns, says it was rare for Karajan to comment on the takes that he, Hermanns, had selected. »
Karajan, au comble de la nostalgie (par Christophe Huss)

Grammy Awards

Grammy Awards

Pour retrouver les ingénieurs du son récompensés par un Grammy Awards dans les annéees 60 et 70: Grammy Award for Best Engineered Album, Classical

Mes conditions d’écoutes:
ripping NRT, lecture dématérialisée vraie en SARD++, stéréo 3D phonie. Enceintes Quad ESL63, casque Stax Lambda SR404 Signature, Ampli Stax FET/tubes euphonisé.  (voir billet(s) précédent(s) )

NB. Un autre grand méconnu du passé, lancez donc une recherche sur « Christopher Parker » sound engineer (EMI), comme par exemple ce lien.

Les fichiers perso de l’audiophile AA

fichiers perso de AA

Téléchargement download les fichiers perso de l’Audiophile AA, avec les ultimes mise-à-jour, les fichiers tests audio et les démos du AA Club

Si vous êtes mélomane, audiophile et un peu bricoleur (DIY), sans besoin d’être expert ni en informatique ni en électronique, les recherches entreprises depuis des décennies par l’Audiophile AA sur « la Hi-Fi autrement » vous intéresseront sûrement… La musicalité et l’émotion peuvent être vite au rendez-vous au delà de ce que vous pouvez imaginer. Et ce n’est pas une question de prix de la chaîne Hi-Fi, l’euphonisation est bénéfique sur les matériels audio hi-fi peu onéreux comme sur les ensemble les plus ésotériques de très haut de gamme…

Le Guide de l’Euphonie

« L’euphonie, dans le domaine de la musique, désigne une agréable et harmonieuse combinaison des sons »

L’euphonie, appliquée à une chaîne hi-fi, consiste selon moi à gérer de manière agréable et harmonieuse la combinaison de sons en provenance non pas d’une seule « source » unique (ici le CD audio) mais d’une source qui est en réalité toujours augmentée, influencée, insidieusement, sur tout son parcours de centaines de petits « affluents ».

Ignorer l’effet néfaste ces petits « affluents », c’est ce qui fait que la musique reproduite sur votre chaîne hi-fi pourtant d’un « bon niveau » vous parait souvent fade, ennuyeuse ou désagréable voire criarde et fatigante et qu’elle n’a pratiquement jamais la crédibilité et le confort du son direct « live ». Quel dommage!       La suite est à lire sur le Coin audiophile

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Les enregistrements réussis sont ceux qui ont aussi capté l’émotion

Prise de son, prise d’émotion

Microphone "vintage"

Microphone « vintage »

On pense en général que capturer le son aujourd’hui est une banalité, une simple affaire de techniciens, de perchman. Cinéma, télévision, séries TV, reportages, présentateur du JT etc. nous y ont tellement habitué qu’on n’y fait même plus attention sauf quand un micro tombe en panne ou qu’il rentre par erreur dans le champ visible de la caméra. Il s’agit là surtout d’enregistrer ou de transmettre de la parole, des voix humaines, des discours, des dialogues, des interviews. C’est relativement facile.

Pour enregistrer de la musique instrumentale et ou chantée, et la restituer ultérieurement en LP vinyle ou en CD on utilise la même expression, ce qui laisse croire que c’est pareil. Grossière erreur! Enregistrer un concert symphonique ou un récital en stéréo c’est bien autre chose que de capter la voix d’un présentateur d’une émission radio ou TV. C’est plus compliqué.

L’art et la technique

L’aspect technique subsiste bien sûr: choix des microphones, marque, type, placement, nombre, balance… mais il devient assez secondaire par rapport à l’aspect artistique, qui englobe tout, réalise une synthèse. On ne devrait d’ailleurs pas dire « prise de son », mais trouver un autre terme qui exprime davantage l’aspect « captation » au sens d’imprégnation musicale, comme un buvard. Car on ne parle plus seulement de son mais de Musique (avec un grand M).

Decca-tree

Decca tree

En plus de l’intelligibilité de la parole, il faut capter le discours musical, son sens, l’émotion qui s’en dégage ainsi que l’intention de l’interprète et bien sûr celle du compositeur. A cela s’ajoute une dimension géométrique. Il faut que la stéréo parvienne à reconstruire une scène sonore large et profonde qui ressemble le plus possible soit à la réalité soit à une réalité autre, artificielle, imaginaire mais crédible, plausible.

NB. La technique du « Decca tree » (3 micros omnidirectionnels fixés sur un support horizontal en T inversé) a été développée au début des années 1950 par Arthur Haddy, Roy Wallace, puis affinée par Kenneth Wilkinson et Stan Goodall. Le Decca tree a été utilisé commercialement à partir de 1954. Le savoir-faire développé alors se retrouve dans les enregistrements Decca et particulièrement ceux signés Kenneth Wilkinson – voir mon billet « Connaissez-vous Wilkie?«   A la même époque EMI développait une technique très proche de celle de Decca: « Early recording techniques: The Mid 1960s and Abbey Road« 

Quand il s’agit d’un enregistrement en public, live, et qui plus est d’un concerto avec un instrument soliste et un orchestre, le problème se corse encore un peu plus. Le technicien doit devenir lui aussi un musicien et parfois même un musicologue  pour assurer le délicat équilibre entre le soliste et l’orchestre… et la salle. Un concerto pour piano et orchestre peut vite devenir une symphonie avec piano, ou au contraire un récital de piano avec accompagnement d’orchestre. Le contresens, la faute de goût, arrive facilement au moindre sur-dosage ou sous-dosage. Un public trop bruyant peut de son côté devenir fort pénalisant. Le concert live, enfin, ne permet pas le droit à l’erreur de l’orchestre, mais il ne l’autorise pas non plus à l’ingénieur du son. Tout le monde travaille « sans filet ».

Depuis, avec l’évolution de la technique, la multiplication des micros et des pistes, les immenses possibilités de mixage que permet le numérique 24/96 on pourrait penser que les choses sont plus faciles. En fait on a de nombreuses prises de son très sophistiquées et… ratées… où l’émotion ne passe pas ou si peu.

La primauté de l’émotion sur la technique

Pour illustrer mon propos j’ai choisi le concerto pour violoncelle en mi mineur op. 85 d’Edward Elgar, dans la version de Jacqueline du Pré/Daniel Barenboim lors du concert en direct donné le  27 Novembre 1970.

Elgar-Jacqueline du Pré / Daniel Barenboim

Elgar-Jacqueline du Pré / Daniel Barenboim – 1970

Jacqueline du Pré (1945 – 1997) était une violoncelliste exceptionnelle, un prodige, dont la carrière fut un bref éclair car hélas atteinte par la maladie dès 1971. Son enregistrement « Live » de Novembre 1970 du Cello Concerto d’Elgar n’en résonne que davantage, presque comme un chant du cygne.

Cet enregistrement est au plan technique l’exemple même où, plus qu’une simple prise de son, les ingénieurs Robert Gooch et Mike Ross-Trevor ont su capter l’émotion et l’essence même du concert.

On est loin de la hi-fi multi-micros analytique à l’excès où chaque pupitre de l’orchestre est ciselé, mis en lumière, une lumière trop crue, trop vive, chirurgicale, qui fait disparaitre les ombres, atténue les reliefs.
Pour enregistrer un concert en direct avec le public, avec les moyens techniques analogiques de l’époque (années 70) il fallait faire des choix, aller à l’essentiel. C’est le cas ici et la réussite est totale au niveau musical si elle ne l’est pas pour certains grincheux au niveau technique. Le mélomane qui écoute cet enregistrement se fiche totalement de ce qu’on n’a pas (ou qu’on croit ne pas avoir)… on a déjà tellement. Ne boudons pas notre plaisir, ne chipotons pas.

Jacqueline du Pré, Elgar Cello Concerto – ci-dessous avec Daniel Barenboim , mais en 1967 (c’est aussi l’année de leur mariage)

Inégalée !

Dans ce concerto Jacqueline du Pré règne en princesse. Sa technique instrumentale est au niveau des plus grands instrumentistes, Casals, Tortelier, Rostropovitch…  Mais cette artiste à marqué à jamais cette œuvre de son empreinte. Elle a pratiquement consacré sa courte vie à ce concerto, elle se l’est accaparé. Personne ne l’y a jamais égalée, ni même approchée. Sa compréhension, sa puissance d’évocation, son allant, son implication la met au dessus de tous.

La charge émotionnelle qu’elle transmet lors du concert de 1970 est stupéfiante, bouleversante. Mais c’est aussi un travail d’équipe. Daniel Barenboim, son époux, met l’orchestre de Philadelphie à son service, quand il faut, ni trop ni trop peu. Le couple est ici en totale connivence, en osmose, fusionnel.

Téléchargement download les fichiers perso de AA

Téléchargement download les fichiers perso de AA

Un pur bonheur pour l’auditeur, chair de poule garantie sur toute bonne chaine hi-fi bien euphonisée!  (cf fichiers perso de AA)

Les grincheux renâclent un peu: l’orchestre est compacte, massif, quelque peu relégué au second plan…. Un défaut? Voire. Je pense au contraire que c’est peut-être un choix délibéré des ingénieurs du son: mettre en valeur la violoncelliste et aussi l’orchestre, mais de manière subtile, car les montées orchestrales, avec une masse sombre qui enfle, se gonfle, contribuent davantage ainsi à la tension dramatique. Une image d’orchestre certes moins analytique mais avec plus de sens, plus de dramaturgie. Mais pour le ressentir à plein il faut une bonne chaine hi-fi, musicale, bien peaufinée.
Et le public? trop bruyant? En fait, il reste assez discret, situé sur un autre plan en profondeur,  et si on entend quelques toux dans la salle, cela participe de tout concert en live, et ça devrait faire encore « plus vrai » chez vous.

Cincinnati symphony orchestra

Les enregistrements en direct « live » avec le public ont souvent un engagement qu’on ne retrouve pas en studio

Vive le « Live »

Personnellement j’ai toujours eu un faible pour les enregistrements « live » où les musiciens dégagent souvent plus d’adrénaline qu’en studio! La version antérieure avec Jacqueline du Pré datait de 1965 avec l’Orchestre Symphonique de Londres, sous la direction Sir John Barbirolli, mais elle avait été enregistrée en studio et non en live.

Sir Edward Elgar : Concerto pour violoncelle (composé en 1919) – Variations Enigma – Jacqueline du Pré (cello) Philadelphia Orchestra  dir. Daniel Barenboim
collection CBS Masterworks 76529 en Vinyle, LP – 1976
Numérisé en 1999 sous la réf. SK 76529 – ADD  72’54″ (épuisé, remplacé par la réédition sous label SONY SK 60789)

Un CD pour l’île déserte, indispensable dans toute bonne discothèque, unique, irremplaçable, hélas épuisé en CBS (sauf à le trouver d’occasion) mais heureusement réédité par Sony, augmenté des Pomp and Circumstance Marches No. 1 & 4. Version Sony que l’on trouve aussi au téléchargement 16bit/44,1khz chez Qobuz.

NRT – new ripping technology, l’extraction audio numérique selon la méthode AA

Mes conditions d’écoutes: rip NRT, lecture dématérialisée vraie en SARD++, nouveaux filtres eTo (voir billet précédent), optimisation secteur AC 230v et DC 5V DAC par briquettes de charbon de bambou sous intissé avec réflecteur aluminium. Le rip NRT du CD n’est pas à la portée de tous, il peut être remplacé par le téléchargement du fichier wav 16 bit 44,1 kHz de chez Qobuz. Le retraitement SARD du fichier numérique sera identique et permettra  dans les deux cas d’en restituer toute l’émotion lors de la lecture dématérialisée vraie. Ma chaine hi-fi est bien sûr euphonisée (voir billet « L’euphonisation, c’est quoi?« ) tant au niveau du contexte aérien que filaire.

Petite pause musicale

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Une prise de son stéréo exceptionnelle de 1988, c’est presque de l’écholocation

L’écholocation consiste à émettre des sons et à écouter leur écho pour localiser à distance voire identifier les éléments matériels d’un lieu sans l’aide de la vue. L’écho est donc porteur d’information spatiale.
Bien sûr chacun sait comment la stéréo permet, sans image, de localiser les musiciens qui se répartissent de gauche à droite entre et au delà des enceintes acoustiques. C’est un minimum. Il est déjà plus délicat de restituer la notion de profondeur, et encore plus de marquer l’étagement des plans dans cette profondeur. C’est réservé aux bons systèmes hi-fi passant des bons enregistrements.

Bien plus que la scène frontale

Mais la notion de stéréo à 2 canaux contient en réalité bien davantage d’informations. Vos deux oreilles ne travaillent qu’en stéréo et pourtant vous êtes capable d’identifier un son venant d’en haut, d’en bas, émis à votre droite à votre gauche ou encore dans vos dos. Pourquoi donc votre chaine hi-fi n’en serait-elle pas capable, si c’est potentiellement contenu dans l’enregistrement sonore stéréo?

La tête et les oreilles

La réponse tient aux réflexions du son contre votre tête et surtout aux circonvolutions de vos pavillons d’oreilles. Votre cerveau en a intégré depuis votre plus tendre enfance toutes les informations qu’il pouvait en retirer. Interpréter ces micro-informations, c’est ainsi que des aveugles entrainés peuvent par des claquements de langue localiser des obstacles proches, et même de petits objets. Ils utilisent pour cela une méthode analogue à celle des chauve-souris et des dauphins. Tout un chacun peut d’ailleurs s’y entrainer (lire cet article).

Les microphones sont hélas stupides, ils n’ont pas un cerveau capable d’une telle analyse. Mais quand ils captent tout, et correctement, avec un excellent respect de la phase, alors notre cerveau à nous peut en retirer une foule d’indications spatiales.

Lire, psychoacoustique: Interprétation du son par le cerveau. Vous y lirez, entre autres, un test scientifique qui prouverait qu’écouter du Mozart rend plus intelligent (NB. on avait bien démontré aussi que les vaches donnaient plus de lait avec du Mozart qu’avec du Hard Rock en musique de fond!). Vous y lirez aussi que le plaisir musical est comme une drogue (sécrétion de dopamine)… à laquelle je dois probablement être accro.

La stéréo avec son 3D

La simple stéréo arrive donc à nous donner de tels retours d’information. Non seulement on perçoit l’acoustique du lieu, mais parfois cette acoustique vient imprégner la pièce d’écoute et y génère des informations latérales et non plus frontales. Les murs latéraux du local s’effacent alors. La notion de hauteur peut être aussi restituée. C’est surtout que les enregistrements où cette composante géométrique de l’orchestre est importante (et prise en compte lors de l’enregistrement) sont fort rares. Quand on a en même temps une localisation en hauteur, en largeur et en profondeur, et qu’en plus le compositeur a voulu jouer avec des effets de solistes et de chœurs situées plus bas, ou en haut ou devant ou sur les côtés, alors on s’aperçoit comment la scène sonore virtuelle se construit naturellement chez vous en 3 dimensions.

Une vidéo explicite d’architecture sonore

John Eliot Gardiner était allé enregistrer en 1989 les « Vespro della Beata Vergine, 1610″ de Claudio Monteverdi dans l’église St Marc de Venise pour les replacer dans un lieu historiquement conforme au parcours de Monteverdi. Gardiner s’est attaché à en reconstruire la dimension spatiale.

En cherchant un peu vous trouverez vite d’autres passages en vidéo de ce DVD. Ces deux-ci ont l’avantage entre autres de montrer comment J-E Gardiner a recherché  à reproduire par le placement des musiciens, des chanteurs, les effets d’échos, de réponses, de renvois, la géométrie du son dans l’espace voulue par Monteverdi.

Sans aucune vidéo, sur un excellent système, cette pseudo « écholocation » surgit, se perçoit et même désoriente tant qu’on n’a pas lu sur la pochette ou vu sur le DVD comment est construite la scène orchestrale dans l’espace. Quand on voit la vidéo seulement après, alors on se dit « mais oui, c’est bien ça ». Du coup, quand on réécoute l’œuvre des semaines ou des mois plus tard, on reconstruit visuellement la scène sans le moindre effort. On est à St Marc, c’est magique!

Ne vous leurrez pas, les vidéos en ligne ne vous donnent qu’une faible idée de cette musique et de cet enregistrement, au mieux 15 ou 20%.

Plus bas sur cette page, dans le précédent billet, figure une vidéo extraite de l’enregistrement live, toujours par Gardiner, lors des Proms au Royal Albert Hall en 2010, de ces mêmes Vêpres de la Sainte Vierge . On se rend bien compte des effectifs au format « grand spectacle » de l’œuvre. Mais on peut faire plus intimiste sans la trahir pour autant.

Pas facile à bien rendre chez soi

Certes cet enregistrement de 1989 est difficile à bien rendre en 3D stéréo. Des parties vocale sont très lointaines, très sur le côté, réparties en hauteur, les niveaux sonores vont de l’infime au tutti choral le plus imposant… et pourtant tout doit pouvoir s’y percevoir sans même tendre l’oreille par une parfaite localisation des sources sonores dans l’espace, bien replacées dans leur acoustique. Je parle bien du CD et non du DVD. Les effets d’écho, de contrechant, de renvois, doivent se répondre comme des balles de pingpong ou de squash qui rebondiraient dans tous les sens entre 4 murs. C’est plus que du home-cinéma 7.1 car il y a la sensation de hauteur en plus, et cela sans la moindre image. Et quel espace!

Vespro della Beata Vergine/ Monteverdi/ Gardiner 1989, Contexte historique, guide d’écoute (.pdf)

Un test, aussi

Download - Téléchargement des fichiers de l'audiophile AA

Download – Téléchargement des fichiers perso de l’Audiophile AA

L’œuvre est une merveille, l’enregistrement de 1989 est, à ma connaissance, unique dans son genre… Même si vous n’arrivez pas à ce son 3D cela reste beau. Et c’est aussi un test probant, sans l’aide d’un support visuel, pour savoir à quel point votre système audio hi-fi est euphonisé ou non.

Conditions d’écoute

Le SARD++ devient SARD++ eTo

Le SARD++ devient SARD++ eTo

A noter que le rendu sonore 3D de ces « Vespro della Beata Vergine, 1610″ a bénéficié d’un mode SARD++ récemment amélioré par l’ajout de deux « filtres » eTo placés sur le port USB 3.0, bien que celui-ci ne soit pas utilisé pour la lecture dématérialisée vraie.
On en trouvera les photos et les explications dans le fichier 138-R&D


NB. Si vous préférez le télécharger, choisissez la version LLS wav 16/44,1 chez Qobuz, et traitez-la en SARD (même poids final des fichiers)

Quelques autres versions

La version de Rinaldo Alessandrini à Rome au Palais Farnese (2004), celle de Jordi Savall en la Basilique Santa Barbara de Mantoue (1988), celle de Christina Pluhar en la salle de l’Arsenal de Metz (2010), ou encore celle de Sigiswald Kuijken à Louvain (2007) montrent à quel point on peut interpréter différemment un chef d’œuvre sans pour autant qu’on puisse établir une hiérarchie qualitative. Toutes sont belles et ce à des titres très divers. Mais celle de Gardiner est vraiment unique, grandiose, magnifique, bluffante dans sa dimension spatiale.

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Six versions comparées du même enregistrement de 1967 des Carmina Burana

Analogique à l’origine

Carmina Burana Eugen Jochum 1967

Carmina Burana Eugen Jochum 1967

Il s’agit bien d’un seul et même enregistrement.
Carl Orff – Carmina Burana – chœur et orchestre de l’Opéra de Berlin, direction Eugen Jochum, décliné au fil des ans et au fil des évolutions de la technique numérique:
1) – version 1967 analogique – pressage 1968  vinyle LP Deutsch Grammophon réf. 139362
2) – numérisation en CD (ADD) « DGG Galleria » en 1984
3) – remasterisé par DGG « Original image bit processing » – (OIBP en abrégé) – en 1995
4) – dématérialisation LLS (lossless), version OIBP ci-dessus en qualité CD 16/44,1, acheté en téléchargement Qobuz
5) – dématérialisation Studiomaster, le fichier SMR 24/96 de l’OIBP ci-dessus, acheté en téléchargement Qobuz
6) – retraitement en SARD++ de la qualité CD LSS

Petit rappel technique: la bande magnétique réalisée 1967 ne saurait dépasser 62 dB de rapport signal/bruit. Cependant si DGG avait bien conservé comme à son habitude les placements précis de chaque micro et les calibres de compression utilisés à l’époque (voir image ici), les Studios Emil Berliner ont effectivement pu en 1995 en améliorer la dynamique, les timbres et la géométrie de la scène sonore. De meilleurs convertisseurs A/N et le dithering aidant, on a pu en recaler la phase relative des différents pupitres et en améliorer le rapport signal/bruit en abaissant le souffle subjectif.

Avec la remastérisation OIBP de 1995, il devenait intéressant d’en télécharger le fichier Studiomaster en 24/96, sans elle le format 26/96 aurait un très faible intérêt musical.

L’écoute, seule juge

Restaient à vérifier à l’oreille les points suivants:
- Que valait le tout premier CD de 1984 par rapport à la galette noire?
- Que valait le  CD de 1995 remastérisé, par rapport au 33T vinyle et au CD de 84?
- Entre le vinyle et les fichiers dématérialisés  LSS,  SMR et LSS SARD++ comment s’établit la hiérarchie en plaisir musical d’écoute?

Bien sûr l’idéal eût été de pouvoir comparer non pas avec le disque noir mais avec la bande magnétique mère analogique lue sur le magnétophone utilisé à l’époque. Mais cela, seuls les Studios Emil Berliner peuvent se l’offrir.

Petite pause musicale

Yes Masters

L’idée de ce comparatif de différentes déclinaisons du même enregistrement m’est venue en voyant que Qobuz citait en exemple le fichier 24/96 des Carmina Burana – Jochum dans sa rubrique « Yes Masters »

Déception

Une chose est évidente, le premier CD sorti en 84 m’avait énormément déçu par rapport au disque noir. Au point que je ne l’avais écouté qu’une seule fois puis rangé sur mes étagères. Cela n’avait rien d’exceptionnel, c’était même la règle à l’époque avec presque tous les CDs que j’achetais. Pendant longtemps j’ai considéré que si le CD était une avancée au plan pratique c’était une importante régression au plan musical.

Seconde chance

Carmina Burana Eugen Jochum 1967 remasrérisation 1995

Carmina Burana Eugen Jochum 1967 remasrérisation 1995

Quand la version remastérisée « Original image bit processing » (OIBP) est sortie en 1995, je n’ai pas acheté le CD remastérisé, étant encore sur mes préventions vis à vis de ce disque de 12cm décidément si peu musical.
Les quelques CD OIBP que j’avais achetés, lus sur un lecteur de CD de salon pourtant audiophile, ne m’avaient pas davantage convaincu.

Il faut préciser qu’on ne pensait pas du tout à la dématérialisation de la musique en 95, on ne l’imaginait même pas. Depuis j’ai pu établir que le gain musical de l’OIBP était bien réel mais fortement pénalisé par le support CD et par la lecture laser à la volée.

La version dématérialisée 4) LLS apporte une amélioration sensible et rivalise haut la main avec le disque vinyle de 1968. Elle confirme ainsi à la fois l’intérêt musical de la remastérisation OIBP et les limites de toute lecture laser. Bizarrement, la version 5) SMR apporte très peu par rapport à la 4) , qu’elle soit lue directement sans ré-échantillonnage à 96kHz, ou bien ré-échantillonnée à 192kHz ou encore à 176,4kHz. Je rejoins en cela l’avis de Qobuz (voir plus bas).

Seconde chance… plus un joker

Mais ce qui est le plus étonnant c’est le gain énorme de musicalité de la version 6) qui enterre sur tous les critères les versions 4) et 5) et donne le sentiment d’être sur le lieu même de l’enregistrement, nos deux oreilles semblant remplacer les micros de l’époque. C’est l’apport bénéfique du Joker que constitue le SARD++.

On constate à l’écoute au casque Stax une transparence totale qui rend hommage au travail OIBP des Studios Emil Berliner. Pourtant en 1995 ce sont les premières remasterisations, désormais permises par les derniers (et enfin améliorés) convertisseurs analogique/numérique et par les nouveaux outils de mastering sortis sur le marché professionnel tel  que WaveLab.

Conditions d’écoute

L’écoute comparée s’est faite en nocturne de 23h à 1H, avec l’ampli hybride FET/Tubes triode Stax SMR 006t euphonisé et le casque SR404 Signature modifié (voir fichiers 136 et 137). Courant secteur symétrisé (transfo symétriseur 1000VA pour l’ampli, 300VA pour le DAC), courant nettoyé par plusieurs filtres Schaffner et par mes filtres externes inductifs parallèles. Câble USB2 euphonisé. COT, Ambiophoniseur TBF, MMM et Syntoniseur distant actifs (voir lexique).

Pour le disque noir, la lecture est faite sur mon tourne-disque de haut de gamme DIY de 1987 à plateau lourd et contre-platine suspendue très lourde, bras SME long modifié droit, câblage fils de Litz, cellule à bobines mobiles Denon DL103 triée. Préampli MC de très haut de gamme à liaison directe sans condensateurs. Câbles phono Litz triples torons à brins vernis de fort diamètre/ blindage tresse à brins vernis, isolation et gainage caoutchouc. (voir Mon parcours)

Quid de l’interprétation?

En fait la version Eugen Jochum de 1967 des Carmina Burana n’est pas ma préférée, elle vient en second. Certes, elle est excellente, mais juste un peu trop civilisée, trop policée à mon goût.
Je lui préfère celle de Vaclav Smetacek à Prague en 1961, plus sauvage, plus crue, avec des voix très timbrées, très typées, plus véristes, souvent exceptionnelles, comme celle de Milada Subrtova…

Karl Orff – Carmina Burana / Vaclav Smetacek version 33T et version CD

Hélas mon disque noir de 1961 est très abimé et la version CD ultérieure pas du tout à la hauteur du vinyle (voir mon billet: Quand l’analogique permet de juger le numérique), et même bien ripé en mode NRT et lu en SARD++, on n’a  pas le bénéfice d’une remastérisation OIBP. C’est un album double – Trionfi – et hélas – sauf erreur – non remastérisé depuis. Et si je veux retrouver la truculence, voire la trivialité paillarde de l’œuvre en CD, alors je dois me tourner vers René Clémencic en 1975 dont le CD sorti quelques années plus tard bénéficia immédiatement d’une excellente numérisation. L’exception en CD qui confirme la règle. Mais c’est une version vraiment autre, avec un parti pris et à effectif réduit qu’on ne peut pas comparer aux grandes versions orchestrales. Jugez-en:

D’autres versions encore

Les Carmina Burana ont fait l’objet d’un nombre impressionnant de versions, presque autant que les Quatre Saisons de Vivaldi ou que les variations sur La Folia.  Je n’en commente que deux.

La version Antal Dorati avec le Royal Philharmonique Orch. et les Chœurs du Festival Brighton (Decca Japan edition 1976) sonne bien trop anglaise pour mes oreilles, avec des voix très « city » bon chic bon genre, qui chantent le latin avec des pointes d’accent de Cambridge et d’Oxford. Un chœur en chapeau melon, attaché case et parapluie. (je pousse un peu le trait!)
La version Zubin Mehta avec le London Philharmonic en 1982, est très correcte, mais sans plus. Il lui manque le peps et la verdeur de Smetacek.

Conclusion

Au plan technique quand une version « Original Image Bit Processing » est disponible en dématérialisé, téléchargez-la et choisissez la qualité CD LLS wav 16 bits 44,1 kHz et traitez-la ensuite en SARD++. Il est inutile de dépenser plus pour avoir pareil ou moins!
On peut, certes, récupérer le phonogramme depuis le CD remastérisé OIBP, si vous le possédez déjà, mais il faut pour cela disposer d’un ripeur Phi² Stradivarius (ripping NRT) , et très bien euphonisé, lequel n’existe qu’en DIY!

Quand la prudence est de mise

Tout fichier proposé en 24/96 d’un enregistrement antérieur à 1980-82, et non remastérisé après 95 depuis les bandes analogiques originales, est sans intérêt, pour ne pas dire une arnaque. Soyez donc très méfiant, privilégiez les grands labels qui présentent plus de sérieux et qui ont le soucis de préserver leur image de marque en ne faisant pas n’importe quoi.

Petite pause musicale

J’avais déjà eu l’occasion dans un billet précédent de dire tout le bien que je pensais de la remastérisation « Original image bit processing », billet intitulé « Le véritable âge d’or du disque noir vinyle, c’est bien après…« 

En février 1995 Deutsche Grammophon avait débuté la remastérisation « Original Image Bit Processing » avec 25 albums (qui plus est à prix modéré), il y en a désormais plus de 200 à son catalogue, recouvrant la période 1949-1986. De vrais trésors pour l’amateur de classique. D’autres grands labels ont emboité le pas à DGG et procédé à des remastérisations analogues, donnant chacune à leur procédé un autre nom, ce qui ne facilite pas le choix des mélomanes.

Une autre écoute

Mon système d’écoute (convertisseur N/A, ampli, casque, contexte électrique et électromagnétique) est autrement plus sophistiqué que celui mis en œuvre par Qobuz et explique pourquoi je ne partage pas tout-à-fait la conclusion (qui reste relativement tempérée) de Qobuz qui écrit « nous ne pouvons pas écrire que la version Studio Master 24/96 de ce chef d’œuvre nous a permis de le « redécouvrir », mais il est honnête d’écrire que la dynamique est bel et bien accrue sur de nombreux morceaux ».
Pour moi, ce n’est pas le 24/96 qui est ici important, ni la dynamique absolue. Ce qui est important, c’est la version Original Image Bit Processing  en 16/44,1 sous forme dématérialisée et surtout lue en SARD++. C’est elle qui permet vraiment de redécouvrir cet enregistrement de 1968. Et si l’on parle de dynamique musicale (la fine, celle qui compte), le SARD++ file carrément une gifle au 24/96, et quelle claque, presque un uppercut! Sur mon système d’écoute cela saute aux oreilles immédiatement bien plus que la dynamique absolue accrue sur quelques morceaux. En fait le gain de dynamique s’effectue surtout par le bas, par un abaissement du bruit et l’émergence d’une foule de micro-informations qui vont créer toute l’acoustique naturelle du lieu autour des musiciens et qui vont insuffler de la matière aux timbres, de la chair aux chanteurs, bref de la vie à tous les niveaux.

Convaincu par le Studiomaster 24/96… une seule fois

A ce jour je n’ai entendu qu’un seul enregistrement SMR 24/96 qui soit meilleur tel quel que le SARD++ tiré du LSS ou du rip NRT 16/44,1 du même enregistrement (Evan Antonio Farao American quartet, du jazz enregistré en studio)… mais je ne désespère pas, il me reste tant à découvrir.

Sur le mastering, lire: http://cec.sonus.ca/pdf/La_pratique_du_Mastering.pdf

Transparence ?

Quand je vous parle de transparence des enregistrements, encore faut-il que la chaine hi-fi ne soit pas un éteignoir. De nombreux facteurs se liguent contre elle pour la rendre opaque et parmi eux le courant secteur n’est pas le moindre. Pour l’éclaircir déjà pas mal, il lui suffit d’une potion…

Une potion magique de AA

Une potion magique de AA

Voici donc mon petit cadeau pour Noël 2013: une potion magique capable de faire des miracles sur les prises de courant de vos appareils audio, et même home-cinéma. La recette est simple et à un prix de revient (en DIY) ridicule:  Potion magique audiophile AA

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La maladie des prises de son modernes

Malades de trop de moyens techniques

 Les enregistrements modernes sont souvent pénalisés par les possibilités technologiques modernes, au lieu d’en bénéficier.
Jusqu’au début des années 80, on devait souvent se contenter de quelques micros et de possibilités réduites de mixage liées à l’analogique. On avait alors de belles scènes sonores, réalistes, homogènes. Peu ou pas d’effet de loupe outrancier, de grossissement anormal des instruments ou des chanteurs.
Avec la multiplication des micros et la capacité de faire tous les mixages que l’on veut, on a vite abusé de la profusion des moyens techniques. Chaque instrument s’entend comme s’il était en solo au premier plan, la soprano couvre l’orchestre symphonique, le piccolo du 6è rang se gonfle au niveau du premier violon etc. On doit tout entendre et tant pis si l’image orchestrale y perd, tant pis si tout devient plat, sans acoustique naturelle, sans étagement des pupitres, sans aération, sans âme. Avoir des moyens ne dispense pas d’avoir du goût.

Quelques fois, la dégradation vient non pas de la bande-son originelle mais de sa numérisation plus tardive qui « bénéficie » d’un nouveau mixage. Cela m’est arrivé avec l’excellent 33T « Original Ragtime » de Claude Bolling (1966) dont la version numérique montrait un piano de concert allant d’une enceinte à l’autre, alors que le vinyle offrait un piano correct.

Petite pause musicale avec Claude Bolling

La dilatation exagérée de la largeur transparait souvent sur les enregistrements de solistes,  au piano ou au clavecin. On se demande si l’ingénieur du son est sourd ou non, ou sur quel système de monitoring il travaille pour ne pas s’en être rendu compte.

Des mixages volontairement hyper larges

En fait c’est voulu. Je crois que c’est à la fois une question de mode et une question de marketing.  On pense business et probablement à l’auditeur/consommateur moyen… les mixages semblent réalisés pour une écoute sur mini chaine où les haut-parleurs ne sont écartés que de 40 ou 50cm!
De tels défauts sont bien sûr gênants pour l’écoute stéréo sur des enceintes espacées normalement de 2,5 à 3,5m, ils sont encore plus désagréables pour une écoute au casque ou avec des oreillettes intra-auriculaires.
Il est cependant possible d’y remédier.

L’ultime recours contre l’hypertrophie

Je vais déroger pour une fois à mon principe général qui est de bannir tout correcteur de tonalité, tout égaliseur graphique et tout effet sonore rajouté, tout DSP, VST et autre processeur d’effets spéciaux acoustiques spectaculaires (à laisser au home-cinéma).
En fait il suffit de re-mélanger partiellement, mais avec doigté, les voies droite et gauche pour retrouver une image sonore plus cohérente, plus naturelle, moins étalée, sans y perdre pour autant sur les timbres, la pêche, la vie, l’émotion.

AIMP Plugin Channel mixer + 4 preset version AA

AIMP Plugin Channel mixer + 4 preset version AA

Cela s’effectue aisément avec un plugin « Channel mixer » que l’on installe dans AIMP3, mon player audio de prédilection. En plus des preset existants, j’en ai ajouté 4 de mon cru dénommés Narrow mini, Narrow moins, Narrow, et Narrow plus. Ces 4 préréglages correspondent à une réduction en largeur qui va du léger au fort et qui selon moi suffisent à résoudre 99% des cas les plus embêtants, tant pour l’écoute au casque que pour l’écoute sur enceintes. Bien sûr ce n’est pas tout à fait neutre mais le rapport bénéfices sur inconvénients est largement positif musicalement parlant. Téléchargez le dossier scripts.zip

Des prises de son hyper proches

La mode est venue avec le numérique et avec la facilité de pouvoir placer autant de micros qu’on le veut, aussi près que possible. L’objectif est de tout faire entendre, comme si on avait la tête dans le piano et les oreilles sur les cordes du violon ou du violoncelle. Cela n’a plus rien à voir avec l’écoute d’un vrai concert, même installé aux meilleures places. Le souffle du flûtiste (flûte traversière), le bruit clefs de la clarinette, le bruit de bouche du trompettiste, la mécanique du clavecin, le glissement des doigts sur le manche de la guitare peuvent en arriver à être carrément gênants. Même les bruits des froissements du tissu du vêtement du musicien s’entendent parfois. C’est de l’écoute à la loupe, voire indiscrète, avec souvent comme corollaire une anamorphose qui rend la grenouille aussi grosse que le bœuf. Parfois c’est intéressant, quelques fois instructif, voire amusant, mais c’est rarement musical.

Des bonnes prises de son, mais oui, ça existe encore!

Le multi-micros, le foisonnement des pistes, l’enregistrement en 24 bits 96kHz ou plus, les immenses possibilités du mixage numérique que cela autorise peuvent aussi donner des choses excellentes, et pas que des daubes. Encore faut-il le vouloir et s’être donné les moyens de ses ambitions, comme par exemple le choix judicieux du lieu de l’enregistrement, avec parfois le concours inattendu de… Saint Jérôme.

Chiesa di San Girolamo

Eglise San Girolamo, Bagnacavallo

Eglise San Girolamo, Bagnacavallo

Je parie que vous ne connaissez pas l’église San Girolamo (Saint Jérôme), située à Bagnacavallo en Italie. Pourtant vous devriez. C’est une vieille et belle église dotée d’une acoustique exceptionnelle, idéale, dénichée par hasard par Paolo Ballanti, de l’Accademia Bizantina. On y donne depuis des concerts et de nombreuses maisons de disque y ont fait des enregistrements particulièrement réussis, Naive Classique, Decca, l’Oiseau Lyre, Harmonia Mundi, Arts, Denon etc. plus des retransmissions radiophoniques en direct par Radio France, la Rai Radio Tre, la RSI, la WDR.
C’est cet endroit que Guiliano Carmignola et l’Accademia Bizantina d’Ottavio Dantone ont choisi pour enregistrer en 2012 le CD « Vivaldi con moto ».

Vivaldi con moto

Vivaldi con moto

Et s’il y a une faute de goût pour cet album « Vivaldi con moto » c’est (peut-être) dans le choix de l’image et du titre (jeu de mot vaseux sur « moto ») pour faire une pochette qui se veut branchée, style « motard en Harley sur la route 66″. Car le contenu du CD, des œuvres tardives de Vivaldi, des Concertos pour violon et basse continue, est un régal. C’est nerveux, vif, enlevé, plein de sève et d’inventions, sans tourner au caricatural… J’ai particulièrement aimé le concerto RV281. Les musiciens font preuve d’un véritable engagement, d’une envie de jouer communicative qui emporte l’adhésion sans se poser de questions existentielles.

Petite pause musicale

Une bonne prise de son, c’est l’art de mentir

Ce Vivaldi con moto est servi par la bonne prise de son de Reiner Maillard et par le travail soigné des Emil Berliner Studios de la Deutsche Grammophon.
Transparence correcte, timbres, dynamique, équilibre des pupitres, disposition spatiale, avec une scène virtuelle assez crédible au delà des enceintes en dépit du fait que les musiciens font en réalité un cercle autour de Carmignola (cf photo dans le livret). Oui, c’est du mentir-vrai comme on aimerait l’avoir plus souvent dans son salon. Reproduire dans son domicile un orchestre enregistré ailleurs est toujours un mensonge, mais quand le mensonge est bien fait, on y croit, on s’imagine vraiment au concert et on y prend encore plus de plaisir.
Le CD est un Archiv Produkion que j’ai bien sûr écouté en mode dématérialisé vrai, retraité en SARD++

La transparence d’autan

Il n’en reste pas moins que les meilleures prises de son antérieures à 1982 restent inégalées au plan de la transparence, de l’aération générale comme par exemple ce vieil enregistrement de 1980 de La Folia de la Spania, par l’Atrium Musicae de Madrid direction Gregorio Paniagua (Harmonia Mundi, CD de la collection économique « Musique d’abord »), l’ingénieur du son se nommait Jean-François Pontefract.

Petite pause musicale, justement avec Gregorio Paniagua

Attention! La Folia de la Spania(*) est vraiment un disque fou où les prises de son « sérieuses » alternent avec des collage musicaux, des bruitages… parfois délirants ou davantage blague de potache. Mais c’est un peu la règle du jeu pour des variations sur La Folia, jeu ici poussé à l’extrême. je rappelle qu’en 1980, on est en pleine époque des Monty Python, de La Panthère rose de Peter Sellers et de Massacre à la tronçonneuse… si vous voyez ce que je veux dire, alors… « Delirio con auto » – vous comprendrez avec la dernière plage du CD.

(*) Les Folies d’Espagne, un phénomène unique par son ampleur et sa durée dans l’histoire de la musique lire la suite …

Jean-François Pontefract se raconte, lors d’une rencontre-podcast à écouter sur Qobuz « Les Magiciens du Son »
http://www.qobuz…. Les-Magiciens-du-Son/Jean-Francois-Pontefract-une65201. Il y parle aussi de sa déception à l’écoute comparée des premières conversions en numériques de bandes analoqiques (vinyle vs CD écoute en auditorium de La Passion selon St Mathieu de Philippe Herreweghe)… Cela ne m’étonne pas, ce fut très longtemps aussi mon cas pour le compact disc, cela avant le lecteur CD/SACD de salon Phi audiophile, avant l’euphonisation, avant la dématérialisation vraie et le SARD++

 Quelques liens:

http://www.accademiabizantina.it/
http://www.emil-berliner-studios.com/
http://old.hfm-detmold.de/eti/institut/dozenten/maillard.html
http://www.labassaromagna.it…   Accademia-Bizantina-incide-cd-nella-chiesa-di-San-Girolamo-a-Bagnacavallo

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