Paul Paray (1886-1979) a fait une très longue carrière, tant en France qu’à l’étranger. Dans ce long parcours, c’est surtout sa période américaine qui lui vaudra la consécration, et une reconnaissance internationale.
Fin 1951 il avait accepté la lourde tâche de refaire du Detroit Symphony Orchestra (DSO), alors en plein déclin, un orchestre de tout premier plan. A l’issue de ses onze ans de direction musicale, le DSO deviendra « le premier orchestre français des USA ». Quand son contrat avec le Detroit Symphony Orchestra se terminera en 1962 (Paray a alors 76 ans), il en restera Chef Émérite et il conduira encore de par le monde jusqu’à 91 ans! Et dans le fond nous avons eu de la chance, nous, les mélomanes du XXIè siècle, qu’il nous quittât pour les États Unis d’Amérique car jamais en France il n’aurait bénéficié de la qualité d’enregistrement qu’ont pu lui offrir Robert C. Fine (1922–1982) et Wilma Cozart (1927-2009) avec le label Mercury Living Presence de 1956 à 1963.
Paul Paray compositeur
La composition a occupé la première partie de sa vie musicale, jusqu’en 1939. La liste complète de ses compositions est sur http://www.paulparay.fr/paray_compositeur.html . Peu d’œuvres, mais de grande qualité. Dommage qu’il n’ait pas pu continuer à composer, totalement accaparé ensuite par sa carrière de chef d’orchestre.
La Messe pour le 500è anniversaire de la mort de Jeanne d’Arc est la plus connue des œuvres symphoniques de Paul Paray. Écrite à Monaco fin 1930 et créée à Rouen en mai 1931, elle est encore jouée sur tous les continents.
On trouvera cette messe sur l’album de 5 CDs édités en Mercury Living Presence « Paul Paray conducts French Orchestral Music », couplée avec Saint-Saëns, Chausson, Bizet, Ibert, Ravel, Lalo, Gounod. En CDs ou à télécharger sur Qobuz en 16b/44,1kHz
http://www.amazon.com/French-Orchestral-Music-Paul-Paray/dp/B00035VV7S
http://www.qobuz.com/album/paul-paray-paul-paray-conducts-french-orchestral-music/0002894756268?qref=dac_2
Paul Paray était donc compositeur bien avant de devenir un chef reconnu et célébré: on ne peut donc pas l’accuser d’écrire de la « musique de chef d’orchestre », comme tant d’autres qui s’y sont lancés sur le tard et souvent avec bien peu de bonheur. Méconnu en tant que chef d’orchestre, Paul Paray l’était encore davantage comme compositeur. Car le maestro par excès de modestie ne mettait pratiquement jamais ses propres œuvres à son répertoire, bien à tort.
Paul Paray chef d’orchestre
C’est le Paray qui nous intéresse le plus ici. On pourrait résumer sa façon de diriger à ces seuls mots « Rien que la partition ».
Paul Paray est en effet un chef qui se caractérise par une totale honnêteté vis à vis de la partition et des indications du compositeur. Plus que de l’honnêteté, c’est de la rigueur voire de l’intransigeance. Il joue la musique, telle qu’elle est écrite, et comme son confrère Pierre Monteux, il ne l’interprète pas (Monteux dixit). Rien de plus mais rien de moins que ce qui est sur la partition. En cela il se différencie de pratiquement tous ses collègues. Il faisait même gommer par ses musiciens toutes les annotations manuscrites antérieures qui s’étaient accumulées sur les partitions qui se repassent d’orchestre en orchestre.
Pour Paray tout ce qui est sur la partition doit s’entendre, rien ne doit être escamoté, même pour rendre la musique plus facile à jouer ou à écouter ou plus simple, ou plus apte à toucher le grand public. Non, avec Paray, l’articulation et le sens jaillissent et cela même au sein du foisonnement orchestral le plus riche. Du coup on peut (on doit) écouter dix fois, 100 fois un concert de Paray pour en saisir petit à petit tous les détails, toutes les finesses, toutes les nuances. Et même au bout de 100 fois on se dit qu’on n’a pas épuisé tout ce qu’il y a encore à y découvrir.
Petite pause musicale
La battue de Paul Paray est tellement pure, sobre, nette, incisive, qu’on peut parfois la ressentir trop froide, trop analytique, trop abrupte, distanciée. En fait c’est parce qu’on la compare avec les autres. Elle fait ressortir combien les conduites de nombreux chefs, et même des chefs réputés, peuvent être arrondies, émoussées, succinctes, voire simplistes ou encore colorées à la guimauve ou dopées à l’esbroufe, gonflées comme des baudruches.
Avec Paray chaque détail est travaillé, ciselé. Aucun n’est mineur. Aucun pupitre n’est délaissé ni au contraire artificiellement mis en avant. Aucune place non plus au pathos ou à la mièvrerie. Et quelle assise rythmique! Tempo trop rapide parfois? Que nenni, relisez la partition, le tempo est écrit et simplement respecté. Toute la partition, rien que la partition, même si pour cela le chef doit pousser l’orchestre à dépasser ses limites, à se transcender.
L’Orchestre Symphonique de Detroit littéralement transfiguré
La liste – arrêtée à la date de 2005 – des divers directeurs musicaux et chefs d’orchestres principaux de l’Orchestre Symphonique de Detroit révèle de manière flagrante la primauté de Paul Paray dans le domaine de l’enregistrement sonore :
Weston Gales (1914-1917) : 0 enregistrement
Ossip Gabrilowitsch (1918-1936) : 2 enregistrements
Franco Ghione (1936-1940) : 0 enregistrement
Victor Kolar (1940-1942) : 6 enregistrements
Karl Krueger (1944-1949) : 2 enregistrements
Paul Paray (1951-1963) : 70 enregistrements
Sixten Ehrling (1963-1973) : 2 enregistrements
Aldo Ceccato (1973-1977) : 0 enregistrement
Antal Doráti (1977-1981) : 16 enregistrements
Gunther Herbig (1984-1990) : 1 enregistrement
Neeme Järvi (1990-2005) : 40 enregistrements (mais très inégal, à mon goût personnel).
source: ResMusica
article « MUSIQUE ORCHESTRALE FRANÇAISE TRANSCENDÉE PAR PAUL PARAY »
Quitte à déplaire
Une telle précision peut déranger, interpeler, voire bousculer nos habitudes d’écoute mais jamais ennuyer. Ah ça non. Et on y revient toujours d’autant plus que les chatoiement de timbres y est inégalé grâce à des prises de son dont il semble bien qu’on en a perdu le savoir-faire, là aussi par la facilité (ou la fainéantise, le laxisme) autorisée par l’évolution technique avec toujours plus de micros et le mixage après coup.
Prise de son mini mais maxi résultat
A partir de 1959 Robert Fine utilisera trois micros omnidiectionnels, des M201 Telefunken/Neumann, pas de console de mixage (parce que ça colore, dénature les timbres disait-il), un magnétophone 3 pistes (Ampex 300-3)… et… un talent exceptionnel pour placer ses micros, aidé en cela par son épouse Wilma Cozart. Difficile de faire moins question matériel d’enregistrement, et de faire mieux question musicalité finale. Avant 59, seul le micro central était un omnidirectionnel M-50, flanqué à droite et à gauche de deux micros cardioïdes d’abord des M-47 puis des M-54. Ses enregistrement à partir de 1959 seront d’une transparence, d’une qualité exceptionnelle. Il s’en tiendra à cette formule idéale quand dans le même temps les majors, RCA, Decca, EMI, (Columbia et DGG étaient alors très à la traine) cherchaient encore leur voie avec plus ou moins de bonheur. Le seul chef qui à bénéficié d’un aussi belle constance dans la qualité de ses enregistrements à la même époque fut Ernest Ansermet, avec très peu de ratages. Avec Paul Paray, sur la période Detroit, on peut dire qu’il n’y a aucun déchet.
Les performances du magnétophone Ampex 300, à la vitesse de défilement de la bande magnétique de 15 pouce/sec :
Plage de fréquences +/-2dB 50-15000Hz, rapport signal/bruit 60dB pour un signal à 400Hz avec 3% de distorsions harmoniques totales, pleurage et scintillement 0,1% RMS – autant de performances qui semblent bien modestes aujourd’hui, pour ne pas dire médiocres, et pourtant plus que satisfaisantes à l’oreille!
Une bonne prise de son se réussit mieux dans une bonne salle
Pour améliorer ses enregistrements du DSO, restituer l’orchestre encore plus fidèlement au disque, Bob Fine avait cherché une salle pour remplacer le Old Orchestra Hall et le récent Henry and Edsel Ford Auditorium inauguré en 1956. Ce dernier était vaste avec une bonne acoustique pour les concerts mais qui s’avérait souvent problématique pour les enregistrements, trop sèche et trop mate. Le Old Orchestra Hall avait une bonne acoustique pour les prises de son mais une scène un peu trop étroite pour un grand orchestre. Son choix s’était finalement porté sur une salle non loin du Masonic Auditorium et du Old Orchestra Hall, c’était l’amphithéâtre de la Cass Technical High School (un lycée).
Une salle à l’acoustique si bonne que de 1959 à 1962 désormais tous les enregistrements de Paray avec le DSO s’y feront. Entre le 27 et le 29 novembre 1959 Paray y enregistrera 6 ouvertures de Franz Von Suppé, la Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz et la symphonie en ré mineur de César Franck. A partir de 1959, les enregistrements réalisés à la Cass Technical High School par Bob Fine rapportent exactement chez vous (sur une bonne chaine Hi-Fi bien euphonisée) ce que l’on entendait sur l’estrade à 2 ou 3 m derrière le chef d’orchestre. Cette position juste derrière le chef contraste avec toutes les techniques d’enregistrement de l’époque qui vous plaçaient 10 à 12m plus loin.
Numérisation maison
C’est Wilma Cozart-Fine* elle-même qui supervisera plus tard dans les années 90 la numérisation des bandes mères analogiques. Le premier CD Mercury Living Presence sortira en octobre 1990. On retrouve aujourd’hui en CD ou en téléchargement 16b/44,1kHz (sur Qobuz) exactement le son des bandes d’origine réduites de 3 à 2 pistes.
(*) au décès de son époux Robert Fine, Wilma Cozart a ajouté son nom au sien
A emporter sur l’île déserte
Si vous ne deviez choisir qu’un disque de Paul Paray: Choisissez donc la Symphonie Fantastique de Berlioz avec le Detroit Symphony Orchestra en 1959. Dès le premier mouvement on comprend qu’on entre avec Paray dans un monde totalement différent de celui par exemple de Munch en 1967 (Paris, Salle Wagram, 23-26 octobre 1967 – Orchestre de Paris – prise de son Paul Vavasseur – qui reste mon autre référence personnelle pour cette œuvre). Le rêve avec Paray n’y est pas tendrement romantique. D’ailleurs le programme de la Symphonie Fantastique n’est pas si romantique que ça, jugez-en: « Un jeune musicien d’une sensibilité maladive et d’une imagination ardente s’empoisonne avec de l’opium dans un accès de désespoir amoureux. La dose, trop faible pour lui donner la mort, le plonge dans un lourd sommeil accompagné des plus étranges visions. Dans son cerveau malade tout se mélange, ses sentiments, ses souvenirs et se traduisent en images musicales. » La 1ère Partie – Rêverie. Passions – est donc plus du délirium tremens et des hallucinations de mec shooté que de la gentille rêverie poétique! et dès la 2e Partie – Un bal – on est pris dans le tourbillon, et puis à peine reprend-on son souffle (3è partie)… qu’on arrête de respirer et ce jusqu’à la fin de la 5ème partie. Et quand la musique s’arrête, on met quelques instants à reprendre ses esprits. Fantastique! oui, c’est bien le mot.
Petite pause musicale
Quand un conteur rencontre un peintre…
Pour moi, Paul Paray est plus qu’un exceptionnel chef d’orchestre, c’est un conteur. Il me raconte la musique et comme un enfant qui écoute une belle histoire, je reste hypnotisé les yeux écarquillés et les oreilles grandes ouvertes. C’est le seul chef, je dis bien le seul, qui m’a provoqué un tel sentiment de fascination. Il ne me fait pas seulement comprendre la musique, il me fait rentrer dedans, fusionner avec elle. De l’autre côté des micros, il y a un peintre, Robert Fine, un amoureux des couleurs, et qui s’attache à faire ressortir chaque timbre tel qu’il l’entend dans l’auditorium du Cass Tech.
Qui n’a pas entendu ses enregistrements du DSO avec Paray n’a aucune idée de l’époustouflante palette de timbres déployés par cet orchestre. Et quand le conteur et le peintre sont réunis cela donne des enregistrements plus qu’exceptionnels, vraiment uniques, inégalés, que dis-je, même pas approchés.
Écoutez donc de Ravel, Daphnis et Chloé Le Lever du jour, ou encore le Boléro et vous comprendrez immédiatement mes propos.
C’est bien sûr un autre disque pour l’île déserte, mais je pourrais ainsi continuer sans fin… Toute les interprétations de Paray éditées en Mercury Living Presence sont toujours au plus haut niveau, au sommet. On a le sentiment que Paray ne saurait faire que de la perfection. Et les musiciens de l’orchestre de Détroit, emballés par un tel challenge, se dépassent chaque fois, en se demandant jusqu’où Paray parviendra à les faire grimper. Ils en sont épatés et en redemandent!
Une critique de la version Paray 1959 de la Symphonie Fantastique
« [Cette interprétation est] tranchante, directe, avec une grande vivacité dans l’animation interne de la pâte orchestrale, souvent prise par la fièvre, en particulier sur les cuivres, très polyphonique, d’une clarté solaire constante, traversée par une pulsation échevelée, souvent très staccato, et menée tambour battant avec un panache éblouissant. Le «Songe d’une nuit de sabbat» est explosif à souhait, et la densité de l’orchestre correspond bien à cette conception musclée et haute en couleur qu’affectionne Paray dans la musique française. On sera surpris par les première mesure du «Bal» où la pulsation n’est pas sans évoquer quelque Nuit sur le Mont chauve [...]. Bien sûr, une telle conception essentiellement motorique et rythmique, entraîne parfois quelques pointes de prosaïsme («Scène au champs») et quelques tendances mécaniques [...] mais la furia contrôlée de Paul Paray est tellement impérieuse qu’on se laisse emporter de bout en bout par ce Berlioz électrique, à la fois sarcastique et hautain. [...] » (Jean-Marie Brohm, Répertoire n° 61)
Une critique de la version Munch 1967 de la Symphonie Fantastique
« On y retrouve une patte caractéristique, avec cette lecture hallucinée, ces flottement rêveurs et fantasmagoriques et la réserve de puissance que Munch savait déchaîner avec l’urgence et l’intuition qu’on lui connaissait, «Rêverie et passions», l’intitulé du premier mouvement, c’est la signature même de Charles Munch. Chaleureuse, fougueuse, mais aussi démoniaques dans la Marche au supplice et la Nuit de Sabbat, sa direction reste un modèle de romantisme débridé et d’extraversion…» (Philippe de Souza, Répertoire n° 108)
Mes conditions d’écoute
J’ai écouté cet enregistrement de la Symphonie Fantastique par Paray en stéréo, avec mon mode de lecture perso en dématérialisé vrai SARD++ eTo ( wav 16/44,1 ) en 3D phonie (toujours avec 2 canaux). Je vous assure que la scène sonore n’a aucunement besoin du SACD multicanal (ici 3 canaux) pour être parfaitement reconstituée, crédible, matérialisée, large et profonde, bien étagée avec tous les pupitres en place. Le souffle de bande est reporté sur un autre plan que la musique sur toute bonne chaine hi-fi et de ce fait il n’est nullement gênant, on l’oublie. Il est d’ailleurs utile pour régler le volume sonore au départ, en mettant le souffle juste au dessus du seuil de perception. Ensuite laissez faire votre chaine sans toucher au volume. Vous allez être surpris par la dynamique, avec les (pauvres!) 54 ou 55dB maxi de rapport signal/bruit des bandes magnétiques de l’époque, vous constaterez en réalité qu’elle vous cloue sur place! Et si ce n’est pas le cas, euphonisez votre chaine, c’est le signe évident qu’elle fonctionne bien en dessous de ses capacités, qu’elle bride le son au lieu de le laisser se déployer.
Petite pause musicale
Grandeur et décadence
Capitale de l’automobile américaine avec les trois géants, General Motors, Ford et Chrysler, à la fin des années 50 la ville de Détroit (Michigan) ne comportait pas moins de 6 salles de concerts où l’orchestre symphonique de Détroit a joué et a parfois enregistré. Le 18 juillet 2013, Détroit est la première grande ville américaine à demander une mise en faillite, la ville ayant cumulé depuis des années une dette, devenue impayable, d’environ 18,5 milliards de dollars. La population de la ville elle-même de 1,7 millions d’habitants en 1959 tombera à 700 000 en 2012. Son agglomération compte cependant plus de 4 millions habitants. En 1956 le Ford Auditorium, d’une capacité de 2926 places, avait coûté 5,7 millions de dollars, dont 2,5 financés par Ford. Le bâtiment immense de la Cass Technical High School a été démoli en 2011.
(Entre autres sources, et dont je recommande la lecture: « Les grands chefs d’orchestre, Paul Paray », par Jean-Philippe Mousnier, aux éditions L’Harmattan – 1998 – 398 pages)
Images du passé de la ville de Détroit: www.detroiturbex.com (dont le Cass Tech)
Trois phases dans une longue carrière
La première est française. Elle démarre en 1920 quand Paul Paray prend la tête de l’Orchestre des Concerts Lamoureux, puis celle des Concerts Colonne. En 1928 il s’installa à Monte-Carlo où il fut chef titulaire. Durant cette période, en parallèle avec la conduite d’orchestre, il compose.
La deuxième phase est américaine. C’est la période 1951 – 1963 où il devient chef permanent du Detroit Symphony Orchestra.
La troisième est celle où octogénaire et nonagénaire il poursuit une carrière internationale en conservant tous ses moyens physiques et intellectuels et une curiosité musicale insatiable.
Une ère révolue
En 1979 avec la mort de Paray disparaissait le dernier des grands chefs nés dans les années 1880. Et une page se tourne. La technique d’enregistrement change et après une décennie extraordinaire peu à peu toutes les prises de son basculent vers le multi-micros. Le célèbre Decca tree avec ses 3 micros est lui aussi mis au placard. Ce n’étaient plus dès lors que des prises de son monophoniques collées les unes aux autres par le biais de la table de mixage. On en arrivera à des enregistrements en 64 pistes, avec une flopée de micros placés très près des pupitres pour minimiser l’effet de salle. Le mixage se fera ensuite en studio, avec plus ou moins de bonheur pour tenter de retrouver un semblant d’orchestre et le disque sera édité dès que l’aval du chef sera donné.
On n’aura a aucun moment enregistré ce qu’on entend dans la salle mais des petits morceaux de l’orchestre, et au final on entendra ce que l’ingénieur du son aux manettes de la console de mixage aura estimé devoir vous faire entendre après avoir recollé les morceaux tant bien que mal. Le travail du chef est trahi et même les plus grands sont dès lors, au disque, ravalés au rang des plus médiocres. Le son de l’orchestre devient aseptisé et perd toute sa personnalité. L’ambiance du lieu, l’acoustique de la salle disparait.
Quand le pire reste agréable
Le pire du collage, plus que le mixage de deux douzaines de micros, pourrait être le re-recording (mode de travail en studio amplement utilisé depuis en variété) comme celui ultérieur de l’orgue de la Symphonie n°3 de Saint Saëns où jamais les timbres et les harmoniques de l’orgue n’auront été mêlés à ceux de l’orchestre et où à aucun moment le chef n’aura été le maitre d’œuvre du résultat final. Par exemple Barenboim en 76 avec le Chicago Symphony Orchestra alors que l’orgue tenu par Gaston Litaize est à Chartres (chez DGG), ou encore Karajan au Berliner avec Pierre Cochereau à l’orgue de Notre-Dame de Paris (encore DGG). Préférez-leur la version Paul Paray au Ford Auditorium, qui possédait son orgue, comme il se doit pour toute grande salle de concert, orgue mené par son vieil ami Marcel Dupré. Mais il faut reconnaitre que même si ces collages d’un orgue à un endroit avec un orchestre situé à un autre reste un amalgame, un subterfuge, c’est très bien fait, ça sonne tout de même fort bien et ça s’écoute avec plaisir. Il y a de très beaux faux, c’est connu.
Petite pause musicale
Tout comme est révolue l’ère de « La hi-fi autrement », avec la disparition des fichiers perso de AA.
Si vous faites partie des quelques dinosaures (*) mélomanes bricoleurs qui ont mis mes bidouilles en œuvre avec bonheur chez eux, alors partagez votre savoir, passez le flambeau, transmettez la bonne parole ( pardon, le goût du bon son et le respect de la musique).
Quant à moi, après 50 ans de recherches en hi-fi audio, je me retire. J’ai encore tant à explorer en musique et l’exemple de Paul Paray bon pied, bon œil et bonne oreille jusqu’à 93 ans me laisse grand espoir. La bonne musique, ça conserve son homme.
(*) Les autres, plus modernes, dans le coup, très Geek, sont aujourd’hui pour la plupart des adeptes du MP3 écouté sur leur iPhone ou dans le meilleur des cas sur leur dock ou station d’accueil de smartphone.
Quelques liens
Le cercle Paul Paray http://www.paulparay.fr/home.html
Discographie de Paul Paray http://www.discogs.com/artist/843529-Paul-Paray
Un français à Detroit, Paul Paray
Discographie de Paul Paray avec le DSO
Discographie de la Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz, classée par chefs de A à Z
http://fr.wikipedia.org/wiki/Orchestre_symphonique_de_D%C3%A9troit
Le révérend père Eduard Perrone ressuscite le compositeur Paul Paray
http://www.paulparay.com/biofrench.htm
Paul Paray – The life and works of a french master – biography – discography avec la liste des enregistrements Mercury Living Presence et ceux remastérisés par la suite en CD
http://fr.wikipedia.org/wiki/Orchestre_Lamoureux
http://www.orchestrecolonne.fr/page.php?contenu=orchmem
http://www.opmc.mc/?p=historique
The Complete Mercury Living Presence Discography
Les micros Telefunken /Neumann / Schoeps M-201, U47 / U48
http://www.soundfountain.com/amb/mercury.html
La Fine recording Inc. créée par Robert Fine http://www.preservationsound.com
A Fine Art: The Mercury Living Presence Recordings (sur stereophile.com)
L’hommage de l’AES (la réputée Audio Engineering Society) rendu à Robert Fine lors de sa mort en 1982
http://www.qobuz.com/info/MAGAZINE-ACTUALITES/CHERS-DISPARUS/Disparition-de-Wilma-Cozart-Fine34185
Petite pause musicale
Et voila, je vous quitte avec ce dernier billet consacré à ce chef d’orchestre exceptionnel et pourtant mal connu qu’était Paul Paray … en vous souhaitant de trouver avec votre chaine Hi-Fi autant de bonheur musical que moi avec la mienne…