Hi-Fi

Qu’est-ce que la haute-fidélité?

La hi-fi c’est la capacité à reproduire chez soi sur des haut-parleurs le son le plus proche possible du son réel enregistré.

DIN 45500 Hi-Fi 1966

DIN 45500 Hi-Fi 1966

La notion de hi-fi remonte au milieu des années 60, aux normes DIN 45500 allemandes qui fixaient un seuil minimum qualitatif qui définissait pour la première fois la haute-fidélité, seuil qui semble bien bas aujourd’hui: par exemple 2×6 watts RMS, bande passante 40hz à 12,5 Khz à +/-3dB, distorsions totales inférieures à un pour cent etc…  la norme comportait un nombre impressionnant de critères et qui en fait ne sont pas si faciles que cela à tenir vraiment même en 2013.  Tous les maillons de la chaine étaient ainsi normalisés, Tuner, Magnétophone, Amplis, Haut-parleurs, y compris les connecteurs…

Normes DIN 45500 hi-fi

Normes DIN 45500 hi-fi

Normes DIN 45500 hi-fi

Normes DIN 45500 hi-fi

On pourrait donc penser que cela suffit amplement à restituer la musique.

Grossière erreur! C’est confondre son et musique.

Fidélité à quoi?

Fidélité au son? pas seulement! Reproduire bien des sons n’est en aucun cas le gage de la bonne restitution du discours musical.
Le discours musical est une façon de s’adresser directement au cerveau, par delà les mots, par delà les notes, par delà la notion de qualité sonore. Je m’explique…
Qu’est-ce qui fait qu’une interprétation est géniale, captivante, exceptionnelle, et cela en dépit d’un très vieil enregistrement, mal fait, en monophonie, avec des moyens techniques rudimentaires… Qu’est-ce qui fait que chaque fois on revient à cette version « pourrie » mais qui reste LA référence? Ce n’est certes pas le « beau » son. Non, c’est ce qui est sous-entendu par le discours musical, son sens profond, l’émotion qu’il suscite en vous.

Petite pause musicale


>>>Simon Barere

 Le discours !

Un magnifique discours politico-philosophique l’est par son écriture, par son sens, et non par la typographie des caractères utilisés pour l’imprimer, non par le niveau de qualité audio utilisé pour le diffuser sur les ondes radio ou pour l’enregistrer. Rappelez-vous du discours de Martin Luther King « I have a dream » le 26 Août 1963.
Aucune importance de savoir avec quelle police de caractères il a été tapé à la machine à écrire, ou avec quel stylo il a été rédigé à la main, ni dans quelle langue il est écrit à l’origine.
C’est ce qu’il exprime qui a de l’importance.

Quand la musique se passe du son

Les très bons solfègistes le savent. En lisant des yeux une partition, ils reconnaissent vite une composition exceptionnelle, une œuvre majeure. Et pas une seule note de musique n’est encore jouée, sauf dans leur tête. Ceci simplement pour illustrer comment la musique et le son constituent des éléments qui peuvent être dissociés, et par exemple dissociés sur des chaines hi-fi médiocres ou même très supérieures mais non euphonisées.

 Au delà de la hi-fi, la chaine audiophile

Une chaine audiophile a justement cette capacité, celle de redonner à la musique tout son sens, au travers des âges, au travers des différents supports. Seule une telle chaine audio est capable de refaire parler, refaire vivre, des vieux enregistrements mono, 78T, voire même des cylindres… au delà des contingences d’une technologie encore frustre mais qui savait déjà capter l’essentiel, le peu qui compte. Bien sûr elle fera de même avec des enregistrements récents bien réalisés. Une chaine audiophile sait vous transmettre cela même si vous ne connaissez rien au solfège. Elle vous donne l’impression que vous comprenez tout. C’est magique!

Petite pause musicale


>>> Wilhelm Furtwängler

 Une vraie chaine hi-fi? C’est quoi?

A mon sens c’est celle qui restitue l’essentiel de la musique et pas celle qui annonce des chiffres mirobolants sur la notice technique. C’est souvent les systèmes audio qui se targuent de telles performances techniques époustouflantes sur le papier qui sont le moins aptes à exprimer le discours musical. C’est presque un critère de choix inverse (je dis bien « presque »), ce seraient les appareils à ne surtout pas choisir. Les chiffres, les mesures, font rarement bon ménage avec l’art.

Est-ce de la hi-fi? Voici un contre exemple: Tivoli model one, est une petite radio de salon monophonique, au look minimaliste rétro. Pas vraiment de grave, pas non plus d’aigus, un petit haut-parleur large bande, un rendu sonore pas spécialement linéaire… et pourtant ça chante, et assez bien, même si le son est un peu flatteur! Tiens donc, aucune notice technique avec des chiffres mirobolants!… seulement des appréciations clients et des critiques élogieuses. Bizarre, non? (diapason d’or en décembre 2004)

Musicalité! ça, oui !

Plutôt que parler de hi-fi il vaudrait mieux parler de musicalité, d’expressivité. Les chaines audio vraiment musicales sont en effet celles qui sont le plus expressives, le fait qu’elles aient aussi l’appellation « hi-fi » n’est que secondaire, parfois même fortuit.

L’expressivité s’obtient par le respect des nuances, des rythmes, par la finesse des liaisons entre les notes, par leur extinction aussi,  par la qualité des silences, par la capacité de concilier les extrêmes comme le chaud et le froid, le mou et le dur, le pointu et l’arrondi, le sucré et le salé, le velouté, le soyeux et le râpeux, le rugueux, le plus petit et le plus grand, le simple et le complexe… autant de critères qui ne transparaissent dans aucunes mesures ni en bande passante, ni en distorsions, ni en rapport signal sur bruit, ni en puissance en watts RMS, ces mêmes critère qui définissent le label « hi-fi ». De là à dire qu’ils ne servent à rien…

Petite pause musicale


>>> Louis Armstrong

Les musiques muettes

Le seul hic, dans l’expressivité, c’est que bien des musiques n’ont rien à dire ou pas grand-chose. Mais dans ce cas votre chaine se contentera de faire son travail… Elle restituera donc parfaitement et en toute honnêteté le vide du discours, tel quel, un babillage superficiel mais dispensant quand même un contentement immédiat, fugace… on parle alors de musique récréative. Comme cet amateur d’opéra s’adressant depuis le poulailler au parterre qui commençait à huer un ténor dont la voix ne portait pas, « Chuuuut, écoutez le mime! » L’audiophile mélomane dirait plutôt: « Chuuut, écoutez l’âme qui plane derrière la musique. » Et ce plaisir là est bien plus durable car il s’inscrit davantage dans le temps, il s’incruste, se savoure… Mais les deux musiques sont conciliables et on peut fort bien apprécier l’une et l’autre car elles ne s’écoutent pas de la même façon, ni dans les mêmes circonstances.

Petite pause musicale


>>>Arturo Toscanini

Quand la hi-fi est muette

Une chaine hi-fi constituée pourtant d’éléments de qualité sonne hélas aujourd’hui souvent très mal. La musicalité n’est pas au rendez-vous, la vie non plus. Avant d’incriminer tel ou tel maillon, il vaut mieux penser à traiter son environnement électrique et acoustique. La cause principale de non musicalité en hi-fi est extérieure au matériel. Les causes sont nombreuses, certes elles sont encore mal identifiées, ce sont les PNI. Et ça se combat fort bien. C’est un simple travail d’euphonisation.

Le son du terroir

En œnologie ou en viticulture chacun sait qu’un même cépage planté dans le Var, dans le Bordelais ou en Bourgogne, selon le sol, l’ensoleillement, les pluies, le vent et les hivers ne donnera ni le même raisin ni le même vin. Un raisin merlot restera identifiable comme un merlot mais avec des nuances évidentes selon l’endroit où le pied de vigne aura poussé.

Une chaine hi-fi obéit selon moi aux mêmes principes. Son rendu sonore dépend en grande partie du lieu où elle fonctionne. Je ne parle pas seulement de ce qui est évident, à savoir les dimensions de la salle d’écoute, son sol, ses murs, son acoustique, l’environnement sonore extérieur. Une chaine Hi-Fi dépend aussi du sol, de son humidité ou de sa sècheresse, de sa qualité argileuse, calcaire, siliceuse etc. Elle dépend aussi de la terre, au sens EDF du terme, de sa conductivité. Elle dépend de l’air de l’endroit et des champs électromagnétiques ambiants. Elle dépend enfin du courant secteur, de qui l’utilise comme vous dans le quartier et de la façon dont le neutre du transfo local EDF est raccordé à la terre.
Ces critères s’appliquent que l’on habite en maison individuelle ou en appartement au 6è étage d’un immeuble.
(relire mon billet du 4 juillet 2011 sur l’autre blog)

Petite pause musicale

(avec l’autre version de référence de la sonate en si mineur de Liszt, avec cette fois une excellente qualité d’enregistrement)

>>> Martha Argerich

Des ingrédients connus

Si le bon vin est une expression de trois facteurs, terroir, cépage, travail des hommes, le bon rendu sonore d’une chaine hi-fi est l’expression d’au moins cinq éléments: la source (phonogramme), le matériel audio, le courant secteur, le lieu et le travail d’écoute du mélomane c’est-à-dire l’euphonisation.
Alors seulement une chaine audio hi-fi se marie idéalement avec l’endroit et fait de la musique et non plus seulement du son.

Cette quête de qualité, ce respect de la musique est probablement un combat d’arrière-garde, qui va à contre-courant de l’évolution générale que l’on constate tout autour de nous…

Quand la Hi-Fi glisse inexorablement vers la Low-Fi

A n’écouter que de la musique peu élaborée, dans une piètre qualité, n’importe comment et n’importe où, les goûts du grand public se nivellent petit à petit. L’oreille du consommateur s’habitue à un son appauvri, elle perd tout repère à une quelconque réalité sonore instrumentale et se forge son propre mètre étalon… lequel mètre ne fait plus que 50 ou 60cm au lieu de 100cm.

Pascal Rozat, chercheur à l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) et critique musical, en fait l’attristant constat dans un dossier publié en janvier 2013 intitulé:
« Quelle qualité sonore ? la haute fidélité à l’épreuve des habitudes d’écoute »

Extrait:  « …Alors que nous sommes désormais de plain-pied dans l’ère du tout numérique, présentée comme la promesse d’une qualité sonore sans cesse plus élevée, on ne peut que constater une dégradation sensible du son effectivement écouté par la majorité des consommateurs et — plus étonnant encore — l’affirmation croissante d’une véritable préférence pour une musique compressée, en contradiction avec les canons de la hi-fi. »

à lire en totalité sur
http://www.ina-expert.com/e-dossier-de-l-audiovisuel-le-son-dans-tous-ses-etats
ou en format .pdf  http://www.ina-expert.com/layout/set/pdf/

Un âge d’or disparu

Qu’est-il advenu de l’audiophile?
La réponse est probablement celle donnée par cet article de la Phonothèque Nationale Suisse…

Quelle Hi-Fi résistera à l’épreuve du temps?

Steve Guttenberg (Audiophiliac) se posait cette question: «Je me demande souvent ce qu’il adviendra de l’iPod dans 30 ans»,  « Est-ce que quelqu’un utilisera encore un iPod dans 30 ans comme le font aujourd’hui les audiophiles avec leur matériel Hi-Fi de haut de gamme? »


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