Episode 3, suite et fin
Paradoxalement, souvent, plus un appareil audio est élaboré et plus il sonne mal, jusqu’à en être désagréable, lors de ses premières mises en service.
Inversement un appareil simple, fait à l’économie, qui a opté pour le minimum syndical question composants, sonne souvent relativement bien dès le départ.
Les ingénieurs concepteurs auraient-il tout faux?
Ce ne serait pas une première! Mais non, sur le papier les options sophistiquées se justifient souvent pour des raisons commerciales (que toutes soient audibles est une autre question) et cela devrait se retrouver un peu sur le rendu sonore final. En fait ce que les ingénieurs ne prennent pas en compte, c’est l’environnement dans le quel l’appareil va fonctionner. Et plus il contient de composants, plus ses composants sont délicats, pointus, et plus ils seront influencés par les PNI (Perturbations Non identifiées, surtout liées aux champs électromagnétiques locaux) liées à notre vie hyper communicante moderne.
La simplicité en matière audio est souvent gage de musicalité. Le circuit le plus simple d’amplification qui est celui de la monotriode en est l’illustration la plus flagrante… Faire du musicalement très bon avec du très sophistiqué est pourtant possible, mais c’est sacrément trapu!
Petite pause musicale
Le rodage
L’appareil audio le plus chiche en composants va tirer son épingle du jeu, quand l’autre, opulent, sera souvent englué jusqu’aux oreilles dans l’électrosmog local.
Mais c’est passager, en principe. En effet, un appareil, comme tout composant actif ou passif, même un simple câble de modulation, s’accoutume un peu à son milieu au fil des jours. Il y a comme un phénomène de montée en charge, puis d’équilibre, qui se réalise, avec finalement une sorte de compensation.
C’est cela qu’on appelle le rodage en hi-fi. Une fois rodé, parfois après 100, 200 ou même 300 heures, l’appareil sophistiqué va enfin faire la différence avec l’appareil économique. Il aura progressé alors que l’autre se sera depuis longtemps arrêté en chemin. Cela sera hélas parfois assez subtile, et loin de justifier l’écart de prix de 10 ou de 20 entre l’un et l’autre.
La seule façon de rétablir l’équilibre pour faire une écoute comparée honnête est de supprimer le handicap des PNI. Les PNI disparues ou très réduites, alors on peut écouter ce que chacun est capable d’exprimer. Et la classe de l’appareil intelligemment conçu sans lésiner par-ci par-là devrait alors s’affirmer.
Des filtres bien pensés
Pour la lecture dématérialisée vraie en SARD++, donc en PCM 16/44,1 rééchantillonnés en 176,4 kHz par le player audio AIMP3, mon choix (toujours à l’oreille) s’est porté sur le filtre DF Slow.
Tout n’est pas si bien pensé que ça
En général, déporter loin au sol l’alimentation secteur d’un convertisseur audio N/A est toujours bénéfique. Les transformateurs sont de puissants générateurs de champs électromagnétiques et en outre ils constituent autant de portes d’entrées pour les nuisances véhiculées par le courant 230V AC. A contrario multiplier les transfos et les garder dans le même boitier est très pénalisant. Le DAC TEAC UD-501 a fait ce dernier choix de tout incorporer, deux transfos toriques pour les amplis casque, un transfo à cage pour la partie numérique. C’est bien dommage surtout pour ce dernier et cela le pénalise au point que pendant un bon moment j’ai même pensé que c’était irrémédiable.
Tourner un inconvénient en avantage
Mais le miracle de l’euphonisation est justement d’utiliser les points néfastes pour les retourner en avantages. Le TEAC UD-501 n’échappe pas à cette règle, c’est seulement que parvenir à l’euphoniser fut difficile. Il a fallu se résoudre à ouvrir le boitier… mais sans toucher ni aux circuits ni aux composants. Bref j’ai eu recours à la chirurgie douce, un peu invasive, mais non agressive.
La javel de la hi-fi
Imaginez une dégustation de café en aveugle : un robusta très ordinaire et un arabica de Colombie. Mais la dégustation est faite avec une eau fortement javellisée. Les goûteurs vont se décider en faveur du robusta car son caractère frustre et grossier, mais fort, n’est somme toute pas tellement obéré par l’odeur de javel. Le grand arabica, lui, est carrément tué par le chlore. La javel dans cette dégustation, c’est l’équivalent des PNI dans un comparatif de matériel hi-fi. Faites votre café avec de l’eau de source très pure et si c’est un nectar, vous le saurez, à coup sûr. Supprimez la javel de la hi-fi, vous retrouverez la vraie saveur de votre chaîne, ou de l’appareil audio que vous testez.
Petite pause musicale
Euphoniser, c’est dé-javelliser
Euphoniser c’est plus facile à dire qu’à faire. La seule façon de procéder avec un nouveau matériel audio est de tester les différentes contre-mesures que j’ai développées depuis des années, de les modifier, de les adapter et d’écouter, d’écouter encore et encore. Au final l’appareil traité va ressembler plus à une usine à gaz.
Un coffret en contreplaqué laqué noir masque heureusement tout ce bazar. Mais si le but c’est que finalement le challenger se révèle aussi musical que le vieux maître, alors c’est gagné. Et c’est le cas ici. Le TEAC UD-501 euphonisé atteint les mêmes sommets de transparence que le tenant du titre. Et cela avec des ingrédients actuels*, disponibles et relativement peu coûteux, mis à part le DAC bien sûr.
(*) La liste complète figure au fichier 140
Les transparences
Quand un système audio est transparent à 100% (disons au mieux 99% – le 100% ne pouvant être que le concert entendu en direct) on pense à juste titre qu’il ne pourra pas être dépassé. Il est en effet impossible à priori d’imaginer ce que pourrait représenter plus de transparence, ou une autre transparence en hi-fi. Ou bien il y a transparence, ou bien il y a un voile. C’est logiquement du type tout ou rien. Certes c’est une impression subjective, mais elle est très clivante. L’esprit adhère à cette transparence ou il bien n’y croit pas… c’est ainsi, le cerveau ne fait pas dans la demi-mesure.
L’implication
Quand finalement on découvre qu’il existe bien des transparences différentes, ça fait réfléchir car cela ne saute pas aux oreilles. On constate la chose et si on veut l’analyser à l’aulne de notions hi-fi classiques, rien ne fait la différence. C’est un sentiment beaucoup plus profond, plus intime, au delà de la perception auditive… La chose est délicate à décrire avec des mots.
Il y a la transparence « impliquée » qui fait immédiatement de vous un acteur qui participe et va s’imbiber de l’émotion musicale et il y a la transparence « détachée » qui vous place plus comme un observateur, un spectateur qui pose un regard plus distancié, plus critique sur le discours musical. Les mots marquent trop violemment cette différence qui est bien plus subtile, car les deux se mélangent. C’est une question de dosage réciproque.
C’est la même transparence au plan sonore dans les deux cas, mais l’attitude du sujet-écoutant est légèrement différente vis à vis de l’objet musical. C’est l’auditeur qui change, plus que le son. Mais c’est la chaîne hi-fi – et son euphonisation – qui fera pencher la balance un chouïa plus vers l’impliqué ou un chouïa plus vers le distancié. C’est beau et convaincant dans les deux cas, sans se se poser de question existentielle. Le match des convertisseurs E-MU 0202 vs Teac UD-501 renvoie donc les compétiteurs dos à dos, en refusant d’arbitrer le combat.
Qui a gagné? Les deux!
Je suis incapable de dire quel DAC je préfère à l’écoute au casque Stax Lambda 404, dès lors que les deux convertisseurs N/A sont placés dans conditions optimales. Ce qui est sûr c’est que non euphonisé et avec des câbles quelconques, le rendu sonore du TEAC UD-501 est très loin de satisfaire à mes critères musicaux. C’est même une mauvaise affaire.
Si vous n’êtes ni bricoleur, ni très motivé, ni un mélomane particulièrement exigeant, alors restez au petit DAC Gamax à 42,64€, inutile de dépenser plus, de vous compliquer la vie. relire le billet: Quel prix doit-on mettre dans un convertisseur N/A externe? Et si vous voulez donner plus de corps à ce petit DAC super économique, remplacez le mini bloc secteur fourni par une alimentation linéaire régulée externe 12v 1,5A – coût 27,95€ par exemple chez conrad.fr (et avec une superterre magnétique pour cette dernière, c’est encore mieux – voir fichier 76-superterre-magnetique.htm ). Ce qui est aussi établi, c’est que l’optimisation de l’UD-501 dans le contexte de mon bureau, pour ma chaîne dédiée casque Stax 404, n’est pas extrapolable telle quelle dans mon salon, à fortiori chez autrui.
Rien de plus mais rien de moins
C’est une excellente surprise qu’on puisse encore en 2014 faire en sorte d’optimiser un convertisseur N/A et qu’on puisse le faire avec des ingrédients disponibles et peu onéreux, sans toucher à l’électronique. Au départ de ce match, j’étais assez sceptique. L’E-MU 0202, avec sa couronne de 7 condensateurs Blackgate, avec son alimentation de laboratoire euphonisée au petit poil, avec sa superterre magnétique, avec son câble traité KillJitterUSB, me paraissait planer à des hauteurs inaccessibles au DAC UD-501. Et puis, petit à petit j’ai trouvé les paramètres à modifier dans le contexte local de mon bureau et le convertisseur N/A TEAC est doucement parvenu au même niveau que son aîné.
Petite pause musicale
Modifier le contexte
Quand on ne peut pas modifier le comportement d’un appareil, sa façon de réagir dans un environnement donné, on peut tenter de modifier cet environnement. On résout alors le problème de manière élégante. Le seul inconvénient est que la solution étant externe à l’appareil, elle n’est pas extrapolable. Si l’appareil est déplacé, mis dans une autre pièce de la maison, tout est à refaire.
Le TEAC UD-501 est installé dans mon bureau avec ma chaîne hi-fi dédiée à l’écoute au casque. Son optimisation ne vaut que pour ce lieu, que pour son meuble et placé à cet endroit. Il m’est donc impossible de faire une comparaison sur mes enceintes enceintes acoustiques en 3D phonie comme je l’envisageais au départ. Mais je sais maintenant que c’est inutile, car le résultat serait identique à l’E-MU 0202 installée à demeure dans mon salon.
Le match E-MU 0202 vs TEAC UD-501 se termine donc plus tôt que prévu, mais aussi bien mieux que je ne l’avais imaginé.
Les accessoires sont en fait le principal
Le DAC TEAC UD-501 est sensible au courant secteur 230V qu’il vaut mieux avoir symétrisé et filtré, avec une ligne euphonisée depuis le compteur. Il est très sensible à la qualité de la terre EDF mais surtout à la terre « locale », à la relation qu’il développe avec elle sur le meuble sur lequel il est posé. Il est sensible au champs CEM ambiants, aériens. Il est très sensible à son cordon secteur, à son câble USB (le Furutech va bien si un peu aidé par un EMO-BOOSTER et un filtre TiO²).
La bidouille la plus étonnamment efficace avec le Teac UD-501 est le « Répéteur de capot » avec sa LED bleue, qui permet de faire facilement des réglages fins. J’explique comment.
Enfin il lui faut de bons câbles de modulation. Et c’est sur ce dernier point que cela achoppe. j’ai testé divers câbles audio dont un qui me semblait prometteur, le QED Audio 2. Pas trop mal, bien équilibré, mais encore insuffisant, car pour égaler l’E-MU 0202 il faudra passer au DIY et se concocter soi-même des hypercâbles (cf fichier 37-guide-euphonie.htm).
Un art, pas une science
Le fichier 140-DacTeacUD501 est gros. Il est divisé en 3 sous-dossiers de photos dont un
concerne les seules phases de recherche, les tâtonnements, les échecs, les impasses. Ce dossier ne doit pas être écarté pour autant car ce qui n’a pas été concluant chez moi peut l’être ailleurs, chez vous, dans un autre contexte, et inversement.
L’euphonisation n’est pas une science exacte, mais un art. Son seul instrument de mesure est vos oreilles et votre cerveau. Les vôtres, pas ceux des autres et encore moins ceux des forumeurs. Croyez ce que vos oreilles vous disent et ce que votre cœur ressent comme émotion en écoutant la musique. Vous réussirez à coup sûr votre euphonisation.
Sur l’île déserte
Si je devais faire un choix et ne conserver qu’un seul des deux convertisseurs en lice, mon choix se porterait tout de même sur l’E-MU 0202, avec sa couronne de condensateurs Black gate et son alimentation de laboratoire externe avec sa superterre magnétique. Son rendu sonore si charnel, si humain, si émouvant, reste à part, hors normes. Mais ni la carte-son ni les condensateurs Black gate ne sont plus fabriqués… Si vous les possédez, gardez-les précieusement, au même titre qu’un violon de 1725 signé Antonio Stradivari.