Non? ça ne vous dit rien. Et pourtant, si vous êtes un mélomane épris de musique classique vous l’avez certainement entendu, du moins au travers de son travail, car il œuvrait pour vous.
Wilkie c’est le nom familier qu’on donnait dans le milieux de l’édition phonographique à Kenneth Wilkinson (1912 – 2004), un des ingénieurs du son de Decca, de la grande époque du microsillon.
Il formait le plus fameux trio d’ingénieurs du son des années 60-70 avec Roy Wallace (inventeur du « Decca Tree« ) et Arthur Haddy, une équipe devenue légendaire et inséparable du label Decca, alors au firmament. Son autre surnom était « le magicien des microphones ». Il a entre autres fait de nombreuses prises de son pour RCA Living Stereo… dont une de Montserrat Caballé en 1965 et dont on trouvera un extrait en wav SARD mode NRT dans le AA Club – ceci pour comprendre ce que « timbre de voix » et « émotion » veulent dire quand on parle de grandes cantatrices… et montrer au passage que l’analogique ne perd rien en numérisé si on se donne les moyens de respecter le phonogramme originel, bien au contraire… Il suffit d’acheter les CDs et d’en extraire le phonogramme jusqu’à la dernière goutte d’émotion. Ce n’est pas si facile que ça à réussir, mais quelle récompense ensuite pour le mélomane!
Les travailleurs de l’ombre
Les grands compositeurs, les grands artistes, les chefs prestigieux nous sont aujourd’hui facilement accessibles par l’enregistrement. Encore faut-il que ceux qui travaillent dans l’ombre soient eux-mêmes des techniciens et des musiciens d’exception pour arriver à capter avec leurs micros de tels talents sans les trahir. Oui, rendons hommage aux ingénieurs du son, les bons… ceux du passé d’abord, les pionniers, mais aussi ceux de maintenant, car des bons « ingé du son » , il y en a encore de nos jours (Hugues Deschaux, par exemple, à mon goût personnel, et pour n’en citer qu’un). Hélas ils sont trop peu nombreux. Je regrette au passage que leurs noms figurent de moins en moins souvent dans les notices des CDs.
>>> Decca Outside-Recording Techniques
>>> Kenneth Wilkinson Discography
>>> Grammy Awards for Best Engineered Album Classical from 50′s (Kenneth Wilkinson a reçu le Grammy Award en 1975 pour son enregistrement avec Sir Georg Solti et le Chicago Symphony Orchestra de la Symphonie Fantastique de Berlioz.)
Une grande époque pour le son, les années 60-70!
Douglas Larter , ingénieur du son chez EMI, reçut le Grammy Award en 1965 – il aurait aussi bien pu le recevoir avant quand on entend la qualité de son travail dès 1958 dans Mahler avec Christa Ludwig / sir Adrian Boult enregistré à Londres aux Studios d’Abbey Road (extrait SARD en mode NRT sur le AAClub)
Disciple de K. Wilkinson, John Dunkerley
John Dunkerley a été Senior balance engineer (ingénieur du son en chef) pour Decca Record Co. de 1968 à 1997, soit jusqu’à la fermeture du studio d’enregistrement. Il a ensuite travaillé avec plusieurs grandes maisons de disques, y compris EMI Classics. Kenneth Wilkinson fut son professeur et son mentor. John Dunkerley avait une réputation légendaire de minutie et d’absence de compromis dans son approche des enregistrements. Ses plus grandes réussites ont été des enregistrements du plus haut niveau, en qualité comme en cohérence pour les CD réalisés avec l’Orchestre symphonique de Montréal et le Royal Concertgebouw Orchestra, ceci sur une vingtaine d’années (entre autres: Messiaen, la Turangalila symphonie, enregistré au Concertgebouw d’Amsterdam en Mars 1992 avec le RCO sous la baguette de Riccardo Chailly). On ne compte plus les prix qui ont récompensé au fil des ans le travail de John Dunkerley: The Gramophone, Grand prix du Disque, Deutsche Schalplattenpreis, Prix Italia, Japan Academy, Classical Brits, Stereo Review (Record of the Year), etc. et plusieurs Grammy… sans compter qu’il fut choisi par Stanley Kubrick pour certains de ses films.
Les Grammy Awards sont décernés par la National Academy of Recording Arts and Sciences depuis 1958 aux états unis et honorent les meilleurs artistes et les meilleurs techniciens dans le domaine de la musique.
Le code SPARS
Ce sont les 3 petites lettres affichées au dos du boitier des CD ou dans leur notice. Elles indiquent l’origine analogique ou numérique de l’enregistrement.
Il y a 5 codes différents:
- AAA – Enregistrement entièrement analogique, sur toute la ligne… ce code ne peut donc pas apparaitre sur un CD.
- AAD – Magnétophone analogique pour l’enregistrement, le mixage et montage, puis conversion en numérique pour la sortie en CD. Ce sont les microsillons « vintage » qui ont été par la suite remastérisés en CD, avec plus ou moins de bonheur selon les soins apportés à ce traitement.
- ADD – Magnétophone analogique pour l’enregistrement, par contre mixage, montage et édition réalisés en numérique
- DDD – Enregistrement numérique, ainsi que le mixage, le montage et l’édition.
- DAD – Enregistrement numérique, magnétophone analogique pour le mixage et montage, édition en numérique.
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Mes piètres qualités de bricoleur ne m’ont pas permis hélas! de construire un rippeur Phi audiophile : je me contente d’un Benq EW1621 acheté d’occasion 40€, sur vos conseils, et qui a renvoyé aux oubliettes mon lecteur Linn payé lui fort cher il y a quelques années, avant de découvrir votre site. Malgré le manque d’euphonisation de mon installation j’ai une écoute très satisfaisante en SARD++ qui me procure souvent autant de plaisir sinon plus que celle de vieux 33T.
[une partie du post, très personnelle, a été ici supprimée par le modérateur]
…vos conseils et encouragement m’ont conduit à une nouvelle approche de l’écoute musicale qui met enfin la musique et l’émotion en son centre et qui me fait connaître de très grands moments de bonheur.
Il n’a pas dû vous échapper la parution d’un somptueux coffret Pierre Monteux :
Decca & Philips Recordings 1956/1964-7 CD (une des pièces les plus précieuses de ma collection) avec des enregistrement tout à fait exceptionnels de Stravinsky, Ravel, Debussy, Tchaïkovski, Brahms, Sibelius, Mozart, Haydn… dont un grand nombre ont été captés par Kenneth Wilkinson. Édition très soignée avec un très beau livret complet, comme on aimerait en rencontrer plus souvent. Cette édition est proposée actuellement par Amazon au prix délirant de plus de 200€!, soit plus de 10 fois le prix au moment de la parution… Bien sûr le passage en SARD++ magnifie la qualité des timbres, l’aération et l’effet d’espace.
Ces interprétations par Pierre Monteux sont des merveilles. J’en ai quelques unes en 33T vinyle. Hélas je n’ai aucunes des versions CD que vous mentionnez. Dommage, mais on ne peut pas tout avoir. N’oublions pas que Monteux fut le créateur du Sacre du Printemps de Stravinsky… c’est LA référence, avec celle plus tard de Boulez avec le Cleveland. Prix qui reste néanmoins délirant pour 7 CDs. J’espère que vous vous êtes fait un rippeur Phi audiophile soigné pour en tirer un fichier numérique parfait à lire en SARD++!
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