Les archives de l'Audiophile AA LA MESURE DE LA MUSICALITÉ
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Croyez vos oreilles, pas les instruments ! dès lors que vous voulez écouter de la musique, bien sûr...
par l'Audiophile Apiguide Mai 2012
Sur le forum Elektor, Franci Ibre, auteur du livre (excellent, soit-dit en passant, et dont je conseille la lecture ) "Bien entendu - itinéraire d'un audiophile", publiait le 15/11/2009 un billet sur l'analyse objective par rapport au ressenti subjectif, bref la mesure vs l'écoute.
Indépendamment du fait que les appareils de mesure sont incapables de la moindre analyse esthétique ou émotionnelle, F.Ibre montre comment le négativisme systématique de certains objectivistes (ce qui ne se mesure pas n'existe pas, ou si une écoute va à l'encontre d'une mesure, c'est l'écoute qui est fausse) est en soi une erreur de raisonnement, exemple à l'appui.
Voici ce qu'il écrivait:
Le sujet du post : Nos sens ne nous trompent pas !
Bonjour à tous,
Depuis le temps que je lis et entends des objectivistes, qui me disent que j'ai tort de me fier à mes oreilles, que mes sens me trompent sans cesse, qu'on ne doit croire que nos instruments de mesure, etc... ça commence à me gonfler sérieusement !
On va même jusqu'à me présenter des illusions d'optique, pour me prouver que mes perceptions sont erronées, et que par conséquent lorsque j'entends une différence entre deux câbles, deux amplis, ou autres, ça n'a aucun sens, aucune valeur, ça ne prouve rien.
Ces objectivistes devraient comprendre que cet argument va à contresens de leur théorie, voici pourquoi :
- S'il y a **illusion** c'est que nos sens nous font percevoir quelque chose, alors qu'une mesure objective montre qu'il n'y a **rien** à percevoir. C'est donc la preuve évidente que les mesures ne mesurent pas ce que nous percevont, mais quantifient autre chose !
- Tous les observateurs voient la même illusion, on ne peut donc pas prétendre que **le sujet** se trompe : nos sens nous permettent à l'évidence de percevoir quelque chose que nos appareils de mesure ne savent pas détecter ! Alors l'objectiviste prétend qu'on se fait tous **piéger**, que nos sens nous **trahissent**...
MAIS NON : il n'y a aucun piège et aucune trahison, nos sens nous font percevoir des choses qu'il faut accepter telles quelles. Après, il nous appartient de trouver ce qu'il y a de mesurable, et qui correspondrait à cette perception.
En exemple, je donne ci-dessous l'image de l'illusion de Adelson, tirée du magnifique site http://ophtasurf.free.fr
On y voit deux rectangles A et B, apparemment de tons de gris différents, alors qu'une mesure objective des teintes prouvent qu'ils sont identiques.
Bon, et alors ? Il n'y a pas là de quoi dire que nos sens sont dans l'erreur !!! Il y a bien erreur, mais elle n'est pas là où on croit : elle est dans l'interprétation du test.
Etablir une corrélation entre la **mesure (absolue) du ton de gris** d'une part, et la **perception (relative) du ton de gris**, là est l'erreur !
Nos sens n'effectue jamais des mesures **absolues**, mais seulement des évaluations relatives des contrastes. Par conséquent, le rectangle A, par rapport aux rectangles qui l'entourent, donne à l'évidence un contraste **local**. De même le rectangle B donne une sensation d'un constraste différent, parce qu'il est dans un environnement local différent. Si on mesure ces contrastes locaux, au lieu de mesurer des gris sur une échelle absolue, alors on obtient des résultats de mesure qui se recoupent avec les perceptions.
Alors, qu'est-ce que ce test prouve ?
1 - Qu'il ne faut pas interpréter nos perceptions n'importe comment pour **essayer** de les comparer à des mesures objectives simples.
2 - Qu'on peut (et doit) trouver quelque chose à mesurer qui ait un rapport avec ce qu'on perçoit.
3 - Que nos sens ne nous trompent que si on essaye d'interpréter ce qu'ils nous disent, au lieu de se contenter de le percevoir...
Nous pouvons malheureusement changer nos perceptions, les obliger à **coller** à notre raison : il faut pour cela un conditionnement, un apprentissage, qui est long et demande des années d'effort, d'études scientifiques poussées. C'est ainsi qu'on finit par être convaincu qu'il n'y a **pas de différence possible** entre deux câbles : on a appris à modéliser le câble avec des outils mathématiques rigoureux, irrévocables. Admettre qu'il puisse y avoir une différence, c'est s'obliger à remettre en cause ce savoir si durement acquis, c'est dépasser les limites de son propre savoir, et ça peu de scientifiques savent le faire ! Pour s'en défendre, ils avancent qu'admettre cela, c'est bousculer les fondements des théories scientifiques bien établies !
MAIS NON : là encore c'est une erreur. Les théories scientifiques sont assez riches pour y trouver les explications nécessaires, à condition bien entendu d'établir des corrélations correctes entre ce qu'on peut mesurer et ce que nos sens perçoivent effectivement, et ça ce n'est pas encore fait...
Par conséquent, le scientifique obtus (ils ne le sont pas tous !) est malgré lui **programmé**, conditionné, pour ne pas entendre, pour ne rien percevoir qui serait en opposition avec ses savoirs.
Et c'est bien là que se cache l'illusion. Il croit **ne pas entendre**, il **ne perçoit rien** parce que ses sens le trompent : ses perceptions sont filtrées, mais il n'en sait rien, et serait bien en mal de le reconnaitre, de l'admettre !
C'est lui qui est piégé, trahi, car enfermé dans son système.
Et après ça, on me dit que j'ai des croyances...
L'un d'eux m'a même dit : **vos chapitres 3 et 4 dans BE sont parfaitement inutiles et ridicules !** Ben oui, c'est plus facile de dénigrer et casser, plutôt que d'essayer, et de constater qu'il y a des convictions à déplacer, des croyances à abattre.
Amusez-vous avec les magnifiques illusions du site ophtasurf, mais ne croyez pas que vous vous faites piéger par vos sens : c'est seulement votre raison qui vous piège, car elle vous fait - malgré vous - interpréter vos perceptions, à l'aide d'outils inappropriés.
Ah qu'il est difficile de simplement percevoir...
Petite pause musicale, ... et allez donc mesurer avec un appareil à quel point c'est beau !
Quand la science fait un bide !
Quand des scientifiques,
des universitaires du Goldsmiths University de Londres,
se mèlent de vouloir mesurer avec toute la rigueur dont il sont capables les paramètres qui déterminent les goûts des auditeurs pour les genres musicaux qu'ils préfèrent, ils se plantent de la plus belle manière. Un cocktail de
neurosciences, de mathématiques et de psychologie cognitive a été concocté pour l'occasion... rien que ça!
Sur l'autre blog audiophile je relate cette incroyable expérience dont je ne sais s'il faut d'abord stygmatiser la vanité, la bêtise ou l'outrecuidance. Risible !
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