Positiver au lieu de compenser

- Je crois que la démarche "euphonique" se caractérise par la volonté de "positiver" chaque élément et non de chercher à "compenser" un défaut sur tel élément A par le choix d'un élément B situé en aval ou en amont qui aurait le défaut inverse (un ampli sec pour des enceintes molles, un lecteur CD au grave léger pour un ampli au grave trop opulent etc...) "Positiver" c'est considérer à priori que chaque élément est bon en soi, qu'il est bourré de qualités propres et qu'il suffit de lui laisser le loisir de les exprimer au mieux. C'est donc la volonté d'additionner des bonnes choses tout au long de la chaine. C'est enfin et surtout une démarche plus mélomane qu'audiophile car fondée sur l'écoute et non sur la technique.

- C'est aussi une démarche raisonnable, car il est évident qu'on ne mettra jamais "physiquement" les 80 ou 90 musiciens d'un orchestre symphonique dans son salon. Il est donc certain que des défauts subsisteront immanquablement. Je crois pourtant que ces défauts seront toujours plus agréables que ceux qui subsisteront encore et toujours après une démarche audiophile qui aurait agi seulement par compensation. Le but du jeu est de retrouver dans votre salon presque la même intensité de plaisir d'écoute qu'au concert.

- C'est enfin un choix personnel délibéré. Souvent on prend pour de la neutralité une restitution plate au point d'en être ennuyeuse en toutes circonstances. J'ai pris le parti de préférer risquer le trop d'enthousiasme à celui du trop ennuyeux ou trop terne. J'ai aussi décidé de privilégier le caractère humain, charnel, incarné plutôt que la froide analyse chirurgicale aseptisée. C'est mon choix, c'est subjectif. (Je donne cependant les indications pour faire des choix différents, selon les goûts de chacun)

A la fois positif et neutre

Ne croyez pas qu'il s'agisse ici d'ajouter au son des harmoniques heureux qui n'y sont pas au départ, des artifices, des colorations qui se superposeraient à la musique originale. Non, si une interprétation est terne, insipide et plate, hélas elle le restera, si une acoustique de salle est mate et sourde, elle le restera, si une prise de son est ratée, floue, sans plans sonores nets, elle le restera, mais par contre quand on tombe sur une interprétation d'exception, même avec une prise de son très moyenne, elle sera encore perçue avec une évidence totalement convaincante... et c'est en cela qu'un système est vraiment neutre. Il s'efface devant la musique, il vous transporte dans un autre univers totalement différent à chaque CD écouté.

Quand tout est vibration

On pense tout de suite à la propagation du son dans l'air et pourtant c''est peut-être la moins néfaste pour les électroniques à semi-conducteurs (les tubes y étant par contre très sensibles). Cette propagation aérienne n'est pas hélas la seule en cause. Tous les appareils émettent et reçoivent quantités de microvibrations et de rayonnements, endogènes pour certaines, exogènes pour d'autres. Les appareils les plus chers d'il ya 30 ans étaient aussi souvent les plus lourds, dotés d'énormes transfos d'alimentation et de sortie... leur câblage était fait "en l'air" sans circuit imprimé, cela leur donnait une rigidité, une masse et une inertie leur conférant certainement un bon comportement vibratoire. D'autres appareils ajoutaient à leur poids considérable, l'utilisation de matériaux non ferreux comme de la fonte d'alumininium pour faire des chassis rigides, tout à la fois inertes, massifs, non magnétiques et bons conducteurs de la chaleur. Des constructeurs ont réellement pensé à bien gérer le comportement vibratoire de leurs appareils en alliant grés ou granit et pieds en ogive amortis par du plomb et d'autres matériaux. Ces constructeurs sont rares de nos jours et ceux qui procèdent ainsi restent réputés pour la musicalité de leurs machines. Ce n'est pas un hasard. Bien gérer ces microvibrations et rayonnements est au moins aussi important que la qualité des électroniques.

Les solutions rapides sont bien souvent simplistes

En musique classique, le simple est rarement satisfaisant à l'oreille. Quand un air vous parait "aller de soi" et "couler de source", et que pourtant il accapare votre attention, c'est en réalité que sous cette apparente simplicité se cache une savante alchimie au niveau de la composition et de l'orchestration. Ecoutez donc Mozart et voyez avec quel génie il sait faire disparaitre miraculeusement toute trace laborieuse. Faute d'un tel talent, un air trop simple ou trop peu inventif devient très vite lassant. L'oreille est exigeante et veut à chaque instant être relancée, étonnée, réveillée. Le subtil, le nuancé, le diversifié la ravit alors que le monotone l'ennuie très vite... Au niveau instrumental, aucun synthétiseur électronique ne produit de notes aussi riches et variées que celles émises par de véritables instruments de musique joués par des êtres humains, et l'oreille ne s'y trompe jamais.

En hifi, les impératifs commerciaux imposent des choix économiques qui vont forcément vers le moins gourmand en temps, donc vers le simple. Le "vite fait" est parfois un bien au niveau d'un schéma et favorise un cheminement plus court du signal sonore, mais par contre ce "vite fait" est un inconvénient majeur pour tout ce qui n'est pas électronique pure, pour ce qui est "autour", c'est à dire le coffret, les cloisonnements, les pieds.

Frustré musicalement?

Dès lors que vous avez pris conscience de certains manques à l'écoute de votre chaine hifi, posez- vous la question de ce qu'il convient de faire. Se résigner? Pas question! Méfiez-vous alors des solutions que je qualifie de simplistes et qui vont dès lors abonder. Les conseils commerciaux du genre: "Changez donc tel ou tel élément" sont souvent plus intéressés que pertinents... Les très nombreuses bidouilles: fil PTT, fil réseau, billes de Delrin, plaques de granit, sacs de sables etc... décrites sur Internet demandent à être passées au crible de l'écoute pour démêler le bon grain de l'ivraie, ce n'est donc pas simple d'en faire le tri. C'est là qu'à mon sens il convient de s'engager dans la démarche euphonique, et ce, sans changer de matériel pour peu qu'il sagisse d'éléments séparés de haut, de milieu ou d'entrée de gamme (à fortiori pour du très haut de gamme).

L'euphonie, c'est laisser filer

Il faut en effet selon moi que les vibrations des appareils ne soient pas bloquées "brutalement" mais trouvent une façon de s'estomper doucement en se dissipant quelque part, et un support totalement inerte ne leur donne aucun chemin utilisable, aucun échappatoire. Je crois qu'il faut canaliser et laisser écouler les microvibrations en filets de plus en plus minces jusqu'à évaporation plutôt que de dresser un mur vertical impénétrable. En outre mettre 1 tonne de dalles de granit ou deux m3 de parpaings remplis de sable dans son salon, pour ne résoudre que 50% du problème, ce n'est ni pratique ni très esthétique. Ces filets (pour faire une analogie avec un liquide) seront d'autant plus minces et facilement dissipés qu'ils seront auparavant passés au travers d'une passoire comportant des trous de diamètres différents, adaptés à la fluidité, à la viscosité et au débit du liquide.

Des pieds qui chaussent du sur-mesure

Le solution idéale serait de penser que les pieds d'origine sont les meilleurs puisque pensés par le fabricant. D'une part ses impératifs de prix de revient le préoccupent certainement davantage, d'autre part je vois pas comment il pourrait anticiper la nature du meuble sur lequel vous poserez vos appareils, la nature de votre sol, les autres appareils qui vont le cotoyer etc.... En outre la présence de 3 ou 4 pieds sous un appareil, complique encore le problème. Rien ne dit en effet que la bonne solution se trouve dans une parfaite similitude de tous les pieds (les parties de l'appareil situées juste au dessus des pieds sont très différentes et donc peuvent avoir un comportement vibratoire spécifique).

Des pieds modulaires pour de multiples combinaisons

Ma démarche consiste à scinder le problème en deux pour mieux le traiter:

• Neutraliser: il s'agit de concevoir une base commune ayant un large spectre de dissipation des microvibrations qui va rendre presque "neutre" le support sur lequel sont posés les appareils et les enceintes, quelqu'en soit la nature (table en bois, meuble hifi en fer et verre, étagères, cheminée, parquet sur béton, plancher, moquette sur dalle ciment, carrelage, marbre etc). Un simple bon vieux diapason est alors mon outil d'analyse préféré. Ce sont ce que j'appelle mes "Bases composites". Elles devraient pouvoir être utilisées sous tous les appareils, enceintes comprises.
  
  
• Harmoniser: cela consiste à déterminer un ensemble de matériaux et de formes qui, soit par leurs combinaisons entre eux, soit par la façon de les disposer sous l'appareil, vont mettre "en lumière" tous le spectre sonore de manière homogène et "positive" selon l'appareil sous lequel ils sont placés. C'est un peu ma "passoire" à trous variés évoquée plus haut. Ce sont ce que j'appelle mes "Tampons harmoniseurs". Ils se placent sous les appareils et sur les bases composites.
  .
  

Un meuble hi-fi simple à faire, fonctionnel, beau? (disons pas trop laid) et pas cher

Je ne suis pas partisan des meubles ultra-mega-hyper lourds. Si tout le problème ne résidait que dans l'inertie du meuble qui supporte la chaine hifi, comme se serait simple! Hélas, l'expérience m'a prouvé en plaçant la chaine sur des blocs de granit, de grés ou de marbre énormes, le tout posé sur un carrelage sur chappe en ciment bien rigide avec des hourdis en béton armé que le son alors obtenu n'est pas particulièrement bon! (murs et plafond pourtant traités acoustiquement par ailleurs). Certes les défauts les plus handicapants sont réduits, mais "la" musique n'était toujours pas au rendez-vous.

J'ai aussi appris à méfier des meubles "design", aériens, tout en métal et verre. Ce mariage m'a souvent semblé apporter des duretés et des stridences plutôt que des bienfaits.
Plutôt radin, disons économe, je suis pas prêt non plus à mettre dans un petit meuble hi-fi une somme d'argent trop conséquente qui serait beaucoup mieux employée ailleurs. J'ai donc opté, après de nombreux essais, pour un meuble passe-partout, bon pour le son, facile à faire pour une somme très modique et dont on peut choisir le style, moderne, classique ou rustique selon le mobilier de son salon.

Et ça reste faisable, tout ça?

Cette démarche obéit enfin à un désir de faisabilité. Je n'ai utilisé que des matériaux trouvables facilement, très peu chers ou gratuits (récup.).Je crois que la réalisation que je décris reste à la portée d'un bricoleur moyen et que la mise en oeuvre et les écoutes d'essais et de réglages sont réalisables en quelques heures par tout audiophile un peu motivé par le sujet.

Un de mes composants de départ, les éponges à récurer en pur cuivre, a semble-t-il, disparu du marché en France sous leur forme ménagère. Il faudrait passer à un équivalent de paille de cuivre en rouleau de 30,5m à usage industriel, et à un coût nettement plus (trop?) élevé autour de 60 euros ! J'ai donc passé de nombreuses heures à chercher comment fabriquer un substitut très peu cher à ces éponges, substitut qui tente d'en reproduire presque toutes les qualités ( les éponges pur cuivre avaient aussi des défauts ). Soit, ce bricolage supplémentaire va mettre un peu votre patience à l'épreuve, mais le résultat sonore final fait ressortir à mes oreilles de toutes façons une grosse différence avec tous les supports que j'ai eu l'occasion d'essayer... et depuis plus 45 ans, j'en ai essayé des dizaines!

Le guide de l'euphonie, c'est d'abord des conseils pratiques et faciles à appliquer c'est aussi une mine d'or d'astuces étonnantes... par exemple:

une bidouille DIY pas chère
pour un meilleur rendu sonore, des timbres plus riches et plus naturels, une douceur accrue... d'ailleurs inventée et mise en oeuvre sur son matériel par un grand constructeur HiFi qui fabrique des lecteurs CD très musicaux.

Suite... Sommaire du guide de l'euphonie >>>

>>> retour à la page d'accueil du coin audiophile